Martin Bélanger : Dans l’arène
Martin Bélanger vous invite à partager un moment de pur plaisir où s’abolissent sans retenue les frontières entre les styles, les genres, et surtout entre vous et le spectacle. Bienvenue dans l’arène de la Grande Théorie unifiée.
L’idée de sa Grande Théorie unifiée, Martin Bélanger l’a piquée à la physique: "Il existe en physique un projet scientifique complètement fou: la grande théorie universelle. L’idée est de rassembler tous les projets de la physique, de la mécanique newtonienne à la mécanique quantique, en une seule théorie qui expliquerait tout ce qui existe, de l’atome aux galaxies", résume-t-il.
Loin de faire de la science son sujet, le chorégraphe et danseur (qui a également oeuvré en théâtre et en cinéma) s’est laissé inspirer par le projet en l’appliquant à son univers: "J’aimais l’idée d’essayer de comprendre l’univers en une seule et même chose au lieu de le fragmenter. Et je trouvais intéressant de faire le parallèle avec nos vies, le monde de l’art, d’essayer de prendre tout ce qui existe, sans hiérarchie, pour tenter d’en faire un art total." Cela dit, le chorégraphe admet volontiers qu’il s’agit d’un idéal, d’une "intention à la Don Quichotte"; le processus de création, l’intention prime donc sur la volonté de créer véritablement un art total, espèce d’équivalent artistique de cette "physique totale" que la grande théorie universelle appelle.
HEUREUX MELANGE
Grande Théorie unifiée se veut une macédoine extrême "délibérément bigarrée" alliant la musique et la danse et où se côtoient culture populaire et art, sacré et profane, sans aucune distinction de genres. À mille lieues de la spécialisation, le spectacle devient un centre névralgique où tout est convoqué: break, contemporain, ballet, danse sociale au son du rock, de l’électro ou du classique… Bélanger va encore plus loin en y incorporant d’autres manifestations "publiques" comme le sport, la fête et même l’événement religieux. "C’est comme si la pièce se permettait de passer par absolument partout pour faire une espèce de survol qui couvre plein d’états, d’émotions, d’énergies, résume-t-il. Mon but est que les gens vivent toutes sortes d’émotions mais toujours dans l’esprit du jeu et de l’émerveillement."
Sur scène, le quatrième mur n’existe plus, au profit d’un espace de rassemblement que Bélanger qualifie d’"arène". Réuni dans cette arène, le public, disposé face à face, partage le moment avec sept interprètes – issus de milieux aussi divers que le hip-hop, le cirque, l’impro, la claquette… – et deux techniciens. Les frontières du spectacle s’effacent pour laisser place à une immédiateté chère au chorégraphe, et qui s’oppose à l’idée de transcendance ou de sens caché: "Je n’aime pas considérer le spectacle comme un objet lointain et immobile, mais plutôt comme une rencontre, une communion, un partage d’une soirée qui se déroule à un moment précis en compagnie d’autres personnes." Prêts à entrer dans la ronde?