Sylvie Drapeau : Tout feu tout flamme
À l’automne 2007, elle faisait fureur dans Marie Stuart. La comédienne Sylvie Drapeau nous parle de sa nouvelle collaboration avec le metteur en scène Alexandre Marine: Un tramway nommé Désir.
Cette année, on risque d’entendre souvent parler d’elle car elle jouera dans pas moins de cinq pièces, sans parler de celle qu’elle a coécrite avec Isabelle Vincent et que l’on pourra découvrir au printemps. Sa saison chargée, Sylvie Drapeau l’entamera bientôt avec un rôle mythique, celui de Blanche Dubois dans la pièce à succès de Tennessee Williams, Un tramway nommé Désir. Elle y partagera l’affiche avec Catherine De Sève, Vitali Makarov, Gregory Hlady, Paul Doucet et Danny Gilmore.
Blanche Dubois, c’est l’aînée, celle qui est restée dans la plantation familiale jusqu’à son écroulement, tandis que sa cadette a préféré s’enfuir avec un homme pour vivre dans un appartement minable de La Nouvelle-Orléans. Lorsqu’elle débarque chez sa soeur, Blanche est déjà au bord du précipice et ne parvient à rester en vie qu’à coups de mensonges et d’inventions destinés à enjoliver une réalité qui l’étouffe. Ses espoirs de nouveau départ seront-ils anéantis par son beau-frère, prêt à fouiller dans son passé pour mettre au jour la vérité?
"C’est un rôle vertigineux de par sa teneur émotive, explique Drapeau, une matière dangereuse à manipuler avec soin. Elle nécessite un metteur en scène infiniment délicat, respectueux et intelligent. Avec Alexandre Marine, je sais que je peux plonger. Je lui fais totalement confiance."
UN BESOIN DE LUMIERE
Dans Marie Stuart, la compatibilité des univers de la comédienne et du metteur en scène apparaissait comme une évidence. On ne peut donc que se réjouir qu’ils aient décidé de retravailler ensemble. "Alexandre fait toujours appel au corps de ses interprètes. Nous nous rejoignons là-dessus. Mais nous partageons aussi un besoin de lumière. Ce qui m’intéresse, comme être humain et comme interprète, c’est la rédemption. Et Alexandre met justement en évidence l’espoir qui habite Blanche, malgré sa tristesse et son caractère tragique. Sa part d’ombre n’est pas évacuée mais mise en perspective avec son désir de lumière. Ce qui me touche, c’est qu’elle continue à se battre, à chercher la joie de vivre."
L’adaptation de Marine a déjà connu un succès remarquable à Moscou et reçu le grand prix du festival de théâtre Amurskaya Osen. "Les coupures qui ont été faites donnent à la pièce un côté très concentré qui permet à la vie de Blanche de nous apparaître dans toute sa violence, explique Drapeau. Par ailleurs, certaines choses, vagues dans le texte original à cause du puritanisme de l’époque, ont été précisées, par exemple l’homosexualité du mari de Blanche. Cet aspect est extrêmement important puisque fondateur de sa quête des hommes et de leur désir."
Connaissant Marine, on ne pouvait s’attendre à un univers complètement réaliste, ce que confirme la comédienne. "Le décor n’est pas l’appartement, mais un immense tramway, celui qui a emmené Blanche ici. De plus, on entre souvent dans sa tête, pour découvrir ses fantasmes et ses souvenirs, illustrés physiquement. Ces moments oniriques nous font connaître ses peurs, ses désirs, ses pulsions." Voilà de quoi titiller notre curiosité.