Marie Chouinard et Miriam Ginestier : Un air de fête
Scène

Marie Chouinard et Miriam Ginestier : Un air de fête

Le Studio 303 réunit 20 chorégraphes pour fêter ses 20 ans à la Cinquième Salle. Rencontre avec sa directrice générale et artistique Miriam Ginestier et avec la porte-parole de l’événement Vingt, Marie Chouinard.

Niché au 3e étage de l’édifice Belgo, rue Sainte-Catherine, le Studio 303 est le rendez-vous des amateurs de culture underground et de créations atypiques. Depuis 20 ans, les artistes inclassables y trouvent un lieu de rencontre, d’expérimentation et de diffusion. Certains ne font que de la danse. Beaucoup s’adonnent à l’interdisciplinarité et aux arts dits "indisciplinés".

"L’interdisciplinarité a été une volonté de départ au 303 et ça m’énerve beaucoup qu’on la présente comme une nouvelle discipline parce que c’est seulement une pratique qui peut investir toutes les disciplines et, surtout, être indisciplinée, lance Miriam Ginestier. L’indiscipline, c’est de créer sans jamais se demander si c’est de la danse ou autre chose, mais en utilisant les outils nécessaires au projet."

Arrivée cinq mois après la création de l’association, Ginestier y a vu se produire 1350 artistes dans près de 350 spectacles. Elle y a vu passer 325 professionnels venus donner des stages de formation, parmi lesquels Marie Chouinard, porte-parole du gala d’anniversaire organisé à la Cinquième Salle. "Ce que j’aime au Studio 303, c’est ce côté très cru, très simple, où tout se fait avec peu de moyens et avec énormément de coeur, commente la chorégraphe. Et puis quand tu rentres là, c’est toujours sympathique. Tu sens qu’il y a une ambiance de travail géniale et une belle équipe."

Tout s’est toujours fait avec les moyens du bord au 303, au point qu’il a failli fermer ses portes en 2007. Bien qu’elle déplore que le Studio ne rentre pas toujours dans les cases des programmes de subventions, Ginestier salue pourtant l’ouverture et le soutien moral des bailleurs de fonds, de même que la générosité et la solidarité du milieu de la danse. Et puis les membres de l’équipe ont développé très tôt l’art de la débrouille.

"Dans les années 90, tous les artistes étaient sur le B.S. et on était fier quand on arrivait à payer les employés 200 $ par mois, s’esclaffe Ginestier. On avait si peu d’attentes qu’on n’a même pas fait de demandes de subventions pendant plusieurs années. On était jeunes, on n’avait pas besoin de beaucoup d’argent, la vie était peu chère et on travaillait juste pour le plaisir. On a même squatté le bureau pendant cinq ans avec la complicité du gérant de la bâtisse, et comme on avait du mal à payer le loyer du studio, on a commencé à faire des cabarets-bénéfice. Ça nous a beaucoup stimulés et ça m’a donné le goût d’organiser des événements rassembleurs et variés."

Cet esprit unique au 303 se traduit jusque dans Vingt, le spectacle-anniversaire qui prend la forme d’un grand cadavre exquis où chaque mini-création commence par la posture qui terminait la précédente. Louise Bédard, Martha Carter (une des fondatrices du 303), Deborah Dunn, Lynda Gaudreau, Dana Gingras, Andrew Harwood, Emmanuel Jouthe, Sasha Kleinplatz, Tonja Livingstone, Zab Maboungou, Dario Milard, Suzanne Miller, Chanti Wadge, Dana Michel, Victor Quijada, Roger Sinha, Daniel Soulières, George Stamos, Sarah Wiliams/Frédérick Gravel et The Choreographers se sont prêtés au jeu. Une soirée mémorable en perspective.