Marilyn Perreault : Jeunes filles désespérées
Scène

Marilyn Perreault : Jeunes filles désespérées

Le Double Signe présente la lecture publique de Britannicus Now, une tragédie contemporaine de Marilyn Perreault inspirée de Racine, sur la dure réalité des cours d’école.

Comédienne de formation, Marilyn Perreault s’est commise une première fois à l’écriture dramatique en 2000 avec Les Apatrides, pièce qui a connu un grand succès (tournées québécoises, prix au Gala des Masques…). Cette escapade littéraire s’est révélée une voie à suivre pour celle qui fut de l’option théâtre du Cégep de Saint-Hyacinthe, car depuis, les textes s’enchaînent de belle façon. L’un de ceux-ci s’intitule Britannicus Now. Initialement une commande d’une compagnie théâtrale de Québec, ce qui devait être une adaptation de la tragédie Britannicus de Racine est devenu une véritable création portant le sceau de Marilyn Perreault.

"C’est l’histoire de quelques jeunes filles qui sont dans une école secondaire privée. L’une d’elles est le souffre-douleur de l’école au grand complet. Cette fille meurt au cours d’une représentation de Britannicus et on ne sait pas si c’est un suicide ou un meurtre. L’enquête est en cours", résume l’auteure, qui s’est inspirée de véritables tragédies du genre. "C’est un texte avec de belles amitiés, mais ça dépeint une réalité qui est rough. Ça parle de jeunes qui se font rejeter dans les écoles, du bullying. Aujourd’hui encore, il y a beaucoup de ces cas d’intimidation."

Lu une première fois en 2008 lors du Festival TransAmériques (FTA), ce texte reprend vie grâce aux bons soins du Théâtre du Double Signe, dans le cadre d’une lecture publique. Sylvain Carrier, Marianne Moisan, Érika Tremblay, Véronique Laroche et Ariane Bisson McLernon se partagent les rôles; Lilie Bergeron assure la mise en lecture.

LA DRIVE DE RACINE

Dans la pièce, les jeunes filles jouent certains extraits de Britannicus. "Les spectateurs auront accès au vrai texte de Racine à certains moments, des petits bouts de scènes", confirme Perreault.

Or, au tout début du processus d’écriture, l’idée de replonger dans l’oeuvre de Racine n’enchantait guère la jeune femme de théâtre. "À l’époque, j’étais un peu réfractaire à Racine parce qu’il est difficile à comprendre, difficile à jouer, mais il y a une espèce de drive de fou dans ses tragédies et j’avais le goût de rapprocher ça de notre réalité contemporaine, avec d’autres mots." Est-ce que Britannicus Now demeure une tragédie? "Oui. C’est une tragédie dans une cour d’école, mais ça reste épouvantable. Nos adolescents vivent des drames… sauf qu’ils ne sont pas des rois. (rires)"

Pour l’auteure, il est encore trop tôt pour dire si cette pièce s’adresse davantage à un public adolescent ou adulte. "C’est drôle parce que les gens sont flous là-dessus. Au FTA, j’ai des adultes qui sont sortis en braillant de la salle parce qu’ils ont vécu cette situation-là, et j’ai des adolescents qui ont vraiment tripé sur le texte." Chose certaine, les lecteurs-comédiens se régalent des mots de Perreault. "En tant que comédienne, je sais que certaines structures de texte représentent de vrais défis. Je donne donc des bonbons aux acteurs en leur écrivant des choses que j’aimerais interpréter."

À voir si vous aimez /
Je suis une mouette (non ce n’est pas ça) de Serge Denoncourt