Michel Corrignan : Contes rendus
La 8e édition du Festival Contes en Îles célébrait la Bretagne et l’Acadie aux Îles-de-la-Madeleine. Entrevue avec Michel Corrignan, fondateur du Festival de contes de Baden en Bretagne.
Il était une fois un petit festival de contes qui vivait dans un pays enchanté mais qui, au fil des années, n’avait jamais voulu trop grandir ni grossir. Il trouvait que de devenir grand et gros, c’était trop compliqué, trop de soucis. Il tenait à rester plus modeste, à ne pas perdre l’esprit familial qui l’animait depuis le début et le rendait si attachant.
Cela dit, ce n’est pas parce que le Festival Contes en Îles tient à demeurer proche de ses racines et de l’esprit madelinot qu’il n’est pas important et ne résonne pas hors des frontières des Îles-de-la-Madeleine. Cette année d’ailleurs, l’événement a voulu faire le pont entre la Bretagne et l’Acadie du Québec. Une délégation de plusieurs conteurs bretons, certains étant même des habitués du Festival, est donc venue donner une couleur légèrement gaélique à Contes en Îles.
Michel Corrignan, fondateur du Festival de contes de Baden, dans le Morbihan, faisait partie de cette délégation. "C’est la première fois que je viens au Festival. J’avais entendu parler de l’événement bien souvent par des conteurs bretons qui y étaient déjà venus, comme Patrick Ewen et Fiona MacLeod (conteuse écossaise qui vit en Bretagne depuis plusieurs années), qui sont ici cette année. J’aime l’équipe de bénévoles qui travaille ici, la convivialité qui y règne. Le lieu est important aussi. Ça permet à l’événement de mieux s’intégrer aux paysages environnants. Dans un festival qui est dans une grande ville comme Montréal, il y a peut-être une personne sur cent qui est au courant, alors qu’ici, aux Îles-de-la-Madeleine, c’est toute la population qui est au courant! Ça fait partie de leur vie, et pour moi, c’est très important."
Le conte est une forme d’expression artistique de plus en plus reconnue et de plus en plus répandue, mais il reste encore du chemin à faire, c’est pourquoi les alliances entre les nombreux festivals à travers le monde sont primordiales. "On a décidé de faire un partenariat entre les deux festivals", explique Corrignan après une performance au sympathique Café de la Grave de Havre-Aubert aux Îles. "Nous voulons poursuivre l’échange entre les deux festivals. On ne sait pas trop où ça va aboutir, mais comme on est aussi partenaire avec un autre festival à Brazzaville au Congo, on espère pouvoir mélanger tous ces conteurs francophones d’un festival à l’autre. Bon, ça va dépendre de nos moyens, bien entendu."
Dans le domaine depuis une bonne quinzaine d’années, Michel Corrignan a observé attentivement l’évolution du conte au Québec, et ailleurs, ces dernières années. "Dans les pays occidentaux, on a assisté à une renaissance du conte vers le milieu des années 70, mais c’est resté un art marginal, pas reconnu comme discipline artistique à part entière, souvent incompris du pouvoir public qui ne sait jamais trop où le classer. Est-ce de la lecture? Du théâtre? Mais depuis quelque temps, il y a un renouveau du conte, particulièrement au Québec où les festivals sont de plus en plus nombreux."
Puis, l’homme ajoute: "Je pense que les jeunes conteurs au Québec doivent éviter de tenter de faire rire le public et trouver d’autres voies, autres que celles déjà arpentées par Fred Pellerin. Le danger est que le conte ne devienne de la comédie, un one man show. Il faut bien un petit peu d’humour, mais pas que ça. Selon moi, le conte doit nous permettre de nous questionner et de nous faire réfléchir, sans nous donner de leçons, sans être moralisateur. Le conte se conjugue et se décline de plusieurs façons."
Le séjour aux Îles-de-la-Madeleine de notre journaliste a été rendu possible grâce à l’aide de Tourisme Îles de la Madeleine: www.tourismeilesdelamadeleine.com ou 1-877-624-4437.