Rêves, chimères et mascarade : L'union fait la force
Scène

Rêves, chimères et mascarade : L’union fait la force

Avec Rêves, chimères et mascarade, portrait éclaté de la génération Y, Réal Bossé, Pascal Contamine et Christian Leblanc ont réussi leur blind date artistique chez Omnibus.

Il faut applaudir la prise de risques et le goût du vertige des trois metteurs en scène et des six jeunes interprètes de Rêves, chimères et mascarade, les Sabrina Connell-Caouette, Solo Fugère, Xavier Malo, Jennyfer Desbiens, Anne Sabourin et Sacha Ouellette-Deguire. Le spectacle est très cohérent dans sa multiplicité, malgré quelques naïvetés et même s’il ne réinvente rien, s’inscrivant dans le courant bien contemporain du théâtre de l’image et de la fragmentation, empruntant même certaines manies à la danse contemporaine.

Succession de fragments et de scènes simultanées dans lesquelles le corps exprime toute une gamme d’états et de situations typiques de la génération Y, la pièce invite bien sûr à une participation active du spectateur, seul détenteur du sens. Les images sont ambiguës, parfois morcelées ou déconstruites, et jouent sur de multiples trames mais vont toujours dans une même direction, de telle sorte que les interprétations possibles sont nombreuses mais complémentaires. Voilà qui est fort intelligent.

Ici, l’interchangeabilité des couples évoque l’incapacité d’engagement et la dépersonnalisation des relations sexuelles; là, les corps rigides et mécaniques rappellent la brutalité d’une sexualité pervertie par la pornographie. Ce ne sont là que quelques exemples de la manière dont on nous entraîne dans une réflexion à différents paliers, sans trop nous égarer et sans prétention, l’ensemble demeurant d’une grande clarté et exécuté dans un esprit un peu moqueur.

L’utilisation de l’espace participe aussi de cette expérience. Les acteurs évoluent dans un corridor bordé de spectateurs qui les observent selon différentes perspectives. Doublé d’une lumière chaude (Mathieu Marcil) et d’un environnement sonore très atmosphérique (Éric Forget), l’ensemble est envoûtant.

Il y a une certaine naïveté dans les rares textes de ce spectacle, portant sur les relations de couple et la recherche de spiritualité. S’ils orientent la lecture de certains tableaux, ils en réduisent aussi le sens. Un peu scolaire par moments (on y remarque les traces d’exercices classiques d’improvisation corporelle), la pièce est toutefois bien servie par de jeunes acteurs frénétiquement engagés, dont les corps fluides et maîtrisés forcent l’admiration.