Une contrée sauvage appelée Courage : Retrouvailles
Scène

Une contrée sauvage appelée Courage : Retrouvailles

Pol Pelletier est de retour avec Une contrée sauvage appelée Courage, un solo qui fait du bien au coeur et à l’esprit, qui redonne le goût de croire.

Chaque fois que Pol Pelletier s’adresse à une foule réunie pour l’entendre, la découvrir ou la retrouver – même dans un espace aussi inadéquat et sans charme que la salle Cassavetes d’eXcentris -, il s’agit d’une expérience unique, frissonnante, profonde, déterminante. Une contrée sauvage appelée Courage ne fait pas exception. Avec ce solo créé en Bretagne en 2007, la performeuse, comédienne, conteuse, toujours aussi intense et captivante, nous donne des ailes.

Avec toute la conviction qu’on lui connaît, celle qu’on a goûtée avec délice dans Joie, Océan, Or et Nicole, c’est moi, Pol Pelletier, continue de chanter les opprimés, les nègres et les négresses blanches d’Amérique, de donner une voix à des intellectuels et à des artistes majeurs et pourtant méconnus, incompris, mis au rancart. Par conséquent, c’est à des pans entiers de l’identité québécoise qu’elle rend leurs lettres de noblesse. À ce que notre culture a de plus envoûtant, de plus grandiose, de plus anticonformiste.

Comme les écrivains Michel Garneau et Jovette Marchessault, à qui elle rend de vibrants hommages en portant haut et fort leurs paroles souveraines, la Royale Artiste Mendiante Itinérante Extatique (c’est le personnage irrésistible que Pelletier s’est créé, la RAMIE) ne se soucie guère des modes. Pas plus d’ailleurs que des attentes des programmateurs, des directeurs artistiques, des producteurs ou des subventionneurs.

Vous aurez compris que la soirée est des plus inspirantes. Accompagnée de l’accordéoniste Mélanie Bergeron, la RAMIE se fait chamane, guérisseuse, clown, saltimbanque et oracle… On ne voudrait plus la quitter. Des orphelines de la Nouvelle-France à l’île peuplée de nasopodes de Garneau, en passant par les vaches mythiques de Marchessault, sans oublier les nombreuses chansons, légères ou poignantes, la représentation offre de multiples ravissements.

En sortant de la salle, on réalise qu’on a été une fois de plus captivé durant tout un spectacle par une seule et unique comédienne. Mais quelle comédienne! Sur les plans physique, psychologique et émotif, Pol Pelletier est pleinement investie dans ce qu’elle accompli. Vous avez dit rare et précieux? Le spectacle étant fleuve, dans le sens où il est appelé à accueillir de nouvelles rivières, c’est-à-dire de nouveaux textes, il faudra sans aucun doute retourner voir Une contrée sauvage appelée Courage au cours des prochains mois.

À voir si vous aimez /
Joie, Océan, Or et Nicole, c’est moi de Pol Pelletier
Les Vaches de nuit de Jovette Marchessault
Élégie au génocide des nasopodes de Michel Garneau