Boucar Diouf : Donner sa parole
Boucar Diouf est le porte-parole du 10e Festival interculturel du conte du Québec. Retour aux sources.
"C’est mon univers, tu sais…" Pour Boucar Diouf, rien de plus naturel que de coiffer ce chapeau de porte-parole. "La première fois que je suis monté sur une scène, se souvient-il, c’était aux Grandes Gueules de Trois-Pistoles, un festival de conte. On me présente comme humoriste, mais en fait je suis toujours à la frontière entre l’humour et le conte."
Frontière que le plus Rimouskois des Sénégalais remet volontiers en question, de toute manière: "Ces deux domaines sont assez étanches, au Québec, mais tout le monde gagnerait à ce que ça se mélange un peu plus, à commencer par le public. Pour moi, un bon humoriste est aussi un bon conteur. Yvon Deschamps est un grand conteur, par exemple. Personnellement, je me préoccupe d’abord de raconter une bonne histoire. Il faut dire qu’au Sénégal, ça n’existe pas, un humoriste… Il y a des gens qui savent raconter, c’est tout."
Chose certaine, toutes les tonalités de la parole seront de la fête en cette année anniversaire, le rire y compris. Avec des conteurs venus d’Italie, du Burkina Faso, de Pologne ou du Yukon, on peut s’attendre à de grands voyages en territoire conté. "C’est la magie du conte, ça. Un individu se présente avec sa seule parole, et c’est parti, si le spectacle est bon, on peut se retrouver au bout du monde. Durant la Grande Nuit du conte, par exemple (le 16 de 20 h à minuit), c’est 13 conteurs qui vont se succéder sur scène, sous la direction artistique de Marc Laberge. On va se promener beaucoup, c’est sûr!"
Ce soir-là en effet, Boucar Diouf côtoiera sur les planches du Gesù les Nora Aceval (Algérie), Nicolas Buenaventura (Colombie), Magda Lena Gorska (Pologne), de même que les Québécois André Lemelin, Lucie Bisson et Jocelyn Bérubé, entre autres. "J’adore ce genre de soirée. Il faut dire que les conteurs sont souvent très ouverts, très accessibles. Il y a moins de jeux d’ego que dans le domaine de l’humour, la ligne entre artiste et public est pour ainsi dire inexistante. On va se régaler…"
10E FESTIVAL INTERCULTUREL DU CONTE
Tous les deux ans, le Festival interculturel du conte donne l’occasion aux Québécois de partout d’entendre les voix les plus poignantes de la planète contée. En cette 10e édition, une vingtaine de villes québécoises accueilleront l’un ou l’autre des quelque 100 spectacles programmés. À Montréal, on surveillera particulièrement, hormis cette Grande Nuit du conte qui ouvre le festival, les soirées Légendaire Afrique (le 17 à l’Auditorium Le Prévost, avec Boucar Diouf et ses invités), Les 1001 Nuits (le 20 à la MDC Notre-Dame-de-Grâce, avec Nora Aceval), Carte blanche aux Hommes à scie (des narrations atypiques accompagnées de "gumboot déchaîné et métal hurlant" (!), le 21 au Lion d’Or) et Contes coquins (le 22 à la MDC Rosemont/Petite-Patrie, autour de Nadine Walsh). Il faudra aussi avoir à l’oeil Mathieu Lippé, qui revient de Beyrouth tout auréolé, lui qui a décroché l’or aux récents Jeux de la Francophonie, catégorie "Contes et conteurs". Le médaillé sera à la Maison du Pressoir le 21. Programmation complète: www.festival-conte.qc.ca.