Petronella van Dijk : Place à la parole
Scène

Petronella van Dijk : Place à la parole

Petronella van Dijk dirige depuis 1993 Les jours sont contés en Estrie, un des plus vieux festivals de conte au Québec. Rencontre avec une passionnée de l’oralité.

"Le conte a tellement longtemps fait partie de la vie des humains. Si nous y mettions encore le temps, nous serions plus heureux, plus équilibrés, nous dit la bonne fée du conte. Cet art est vivant depuis 12 000 ans. Avant le livre, il y a eu des milliers d’années où les gens parlaient, où ils avaient de la mémoire, de l’imagination, ajoute Petronella. À part les grands mythes inaccessibles à l’humain, tout était raconté par les gens du peuple; c’était des histoires de bonnes femmes! Bonne fame signifiant bonne "réputation"!" nous signale Petronella.

Pour Petronella van Dijk, le conte traditionnel vivant, c’est une trame, un squelette, que chaque conteur s’approprie avec ses mots. "C’est un travail mental qu’on ne soupçonne pas. Les conteurs, ce sont des jazzmen!" Au chapitre du conte traditionnel, l’auditeur curieux ne sera pas en reste durant Les jours sont contés, notamment avec Jihad Darwiche, grand spécialiste des Mille et Une Nuits. "Ces contes, on ne sait pas qui les a créés, mais Jihad les raconte dans ses mots à lui. De 22h au lever du soleil, les gens ne dorment pas parce qu’ils sont fascinés!" À l’occasion de cet événement tout spécial qui se tiendra au Studio Mouvance, le public est invité à amener oreiller et couverture alors que sur place, un buffet moyen-oriental lui permettra de passer la nuit l’estomac plein.

MENTIRA BIEN QUI MENTIRA LE DERNIER

C’est au Bar Loubards que se tiendra une nouvelle fois cette année le Grand Concours de menteries. Pour Petronella, le mensonge et la menterie sont deux choses très différentes. "Dans les préjugés populaires, les conteurs sont des menteurs, alors que pour moi, les conteurs sont des fantaisistes. La menterie, c’est une forme de conte! Chaque année, les gens embarquent dans cet événement; ils adorent. Et il y a toujours beaucoup de monde. Peut-être espèrent-ils rencontrer des politiciens ou des hommes publics…" ajoute-t-elle, faisant entendre son rire généreux.

Les enfants sont aussi invités à s’éclater lors de cette 17e édition du festival, alors que Lorette Andersen leur propose une expérience très politiquement incorrecte. "Lorette conte des histoires horrifiques bouillies à la sauce brune! Aujourd’hui, on n’a plus le droit de raconter quoi que ce soit aux enfants, même si à la télé ils voient toutes sortes d’horreurs…" Au programme, des contes traditionnels non édulcorés qu’enfants et adultes adoreront. "Chaque enfant se fait son propre cinéma. S’il y a 30 enfants, il y aura 30 caméras!"

TISSEURS DE PAROLES

En amont du festival se tiendra la Rencontre internationale du conte, à laquelle le public est convié. "Le conteur n’a pas d’école, pas de maître; le conte, c’est un métier de grande solitude. On est seul dans sa création, seul sur scène. La rencontre est un moment de rassemblement et de réflexion." Dans le cadre de ce rendez-vous, le 17 octobre est une date à marquer d’une pierre blanche alors que se tiendra, au Théâtre Granada, le spectacle Les Tisseurs de paroles. "Cet événement va symboliser la parole qui circulera durant la Rencontre internationale. Ces gens qui parleront de leur métier durant deux jours vont, ce soir-là, montrer au public ce qu’est ce métier." C’est l’occasion unique de voir plusieurs grands maîtres rassemblés sur une même scène. Parmi ces derniers, Jocelyn Bérubé et Michel Hindenoch, artisan du renouveau du conte et de la musique de la tradition orale en France, de même que Dan Yashinsky, créateur du Festival du conte de Toronto.

"Aujourd’hui, on ne prend du temps pour rien. Tout doit être fait vite. Donc on fait tout n’importe comment." Du 22 au 25 octobre, prenez le temps d’écouter, vous y trouverez votre conte.