Bousille et les Justes : De génération en génération
Bousille a 50 ans et cette année, c’est à Marc-André Coallier que revient la tâche de faire vivre le personnage.
Le dramaturge Gratien Gélinas aurait eu 100 ans cette année, et sa pièce phare Bousille et les Justes fête ses 50 ans. Pour commémorer l’occasion, les comédiens de La Comédie humaine présenteront cette création au grand public, mais aussi à une audience scolaire. La mise en scène est assurée par Michèle Deslauriers, avec les comédiens Marc-André Coallier, Yves Corbeil, Christine Lamer, Jacinthe René, Paul Dion, Richard Robitaille, Denys Paris, Isabelle Drainville et Béatrice Picard, qui faisait partie de la distribution originale, il y a 50 ans.
Voir: Est-ce que votre expérience et votre implication auprès des jeunes ont motivé votre décision de participer à cette production?
Marc-André Coallier: "Au début, j’avais tout simplement envie de jouer. Puis, l’importance de faire connaître notre patrimoine s’est imposée. Je suis moi-même propriétaire de théâtre (La Marjolaine) et je sais ce que comporte le travail d’une production. J’ai été surpris et content qu’on m’offre le rôle de Bousille; c’est mon côté volubile qui les a interpellés."
En se présentant devant un jeune public, est-ce qu’on ne sacrifie pas de son intégrité au profit de l’accessibilité?
"Non, toute la différence est dans la mise en scène. Il s’agit d’une pièce d’il y a 50 ans, certaines modifications ont été apportées, mais l’impact va rester le même. La pièce sera jouée de la même façon pour les deux publics. Certains détails échapperont sûrement au public écolier, mais ces derniers n’en perdront pas moins le sens de la pièce."
De quelle façon la pièce a-t-elle été actualisée?
"Le texte décrit une époque qui correspond aux grands-parents du public scolaire, une époque qu’ils ne connaissent pratiquement pas et qu’il faut leur communiquer, parce que ça fait partie de notre histoire. Certaines scènes et dialogues en lien avec la religion leur seront probablement étrangers, mais l’action se déroulera de façon plus explicite, plus crue. C’était une période où une rébellion contre l’Église pointait, Elvis commençait à faire des vagues, les gens cherchaient un exutoire."
Comment les jeunes établiront-ils un rapport avec cette pièce ?
"Malgré les grands écarts qui séparent cette génération de celle décrite par Gratien Gélinas, ils y reconnaîtront une chose inchangée: la nature humaine. Bousille affiche une naïveté et subit l’intimidation d’une famille qui tente de le manipuler. Dans le contexte scolaire actuel, avec les problèmes de taxage, il est facile pour eux de s’identifier à cette situation."
La troupe a une mission éducative pour son jeune public, quelle place occupe l’oeuvre de Gratien Gélinas dans notre histoire?
"Il n’est rien de moins qu’un monument de la dramaturgie québécoise. Il a été très critiqué il y a 50 ans, au même titre que Michel Tremblay, à cause du langage familier qu’on y retrouve. C’est d’ailleurs un aspect qui sera respecté à la lettre dans cette production, le texte sera tel que l’original. On devrait le faire découvrir au même titre que les grands classiques, comme Molière ou Shakespeare."