Francine Châteauvert : Boo!, la surprise joyeuse
Scène

Francine Châteauvert : Boo!, la surprise joyeuse

Pour son plus récent spectacle, Francine Châteauvert, chorégraphe et directrice artistique de Sursaut, s’est offert le luxe de laisser mûrir le fruit. Le voici prêt à déguster.

Afin que naisse comme elle le souhaitait Boo!, son dernier rejeton, Francine Châteauvert a choisi de laisser le temps faire son oeuvre. "J’ai voulu me permettre de faire autrement, de lâcher la recette, de laisser mijoter autant que nécessaire." Pour elle, cette démarche a pris des allures de chantier… "Ma maison, je l’ai construite moi-même et ça fait 28 ans que je la peaufine. Pour moi, une chorégraphie, c’est la même chose. Au début, c’est un premier jet; au fur et à mesure que passe le temps, on décore, on arrondit les coins, on s’attarde aux détails."

Depuis plus de 20 ans qu’elle roule sa bosse, Francine a aujourd’hui envie de renouveau. "Boo!, c’est un bris de structure, trois courtes pièces: un solo, un duo et un trio dont les idées se sont éclairées lentement. À la nuit tombante était plus orthodoxe, avec un début, un milieu, une fin, une équipe de six danseurs." Pour une nouvelle fois, il s’agit d’oeuvres chorégraphiques pour la jeunesse et la famille. Autrement dit: pour tout le monde. "Notre public est large: la jeunesse et la famille d’abord, mais la danse étant, comme le cirque, un langage universel, nous entendons souvent les adultes nous dire qu’ils ont eu autant de plaisir que leurs enfants!" Ces commentaires fuseront sans doute bientôt, alors que Boo! commencera sa vie sur scène et fera opérer son charme poétique auprès des petits et des grands. "Avec À la nuit tombante, qui mettait en scène des elfes et des fées, on a touché particulièrement les enfants du premier cycle, qui sont encore dans l’imaginaire pur." La nouvelle production devrait quant à elle atteindre tous les groupes d’âge. "Boo!, c’est l’inattendu, la surprise joyeuse; c’est universel, c’est un son, une exclamation." Et ce titre, la compagnie qui tourne partout dans le monde n’aura pour une fois pas besoin de le traduire!

PIÈCES DE PUZZLE

Parmi les artisans de cette création, il y a notamment Simon Durocher-Gosselin, dont on a pu s’émouvoir du talent dans la production précédente de Sursaut. "Simon est un artiste de cirque qui a toujours intégré la danse dans ses prestations. Il va jouer Cyril dans le solo et va aussi danser dans le duo O et A. C’est un magnifique danseur." Francine Châteauvert apprécie par ailleurs la chance de pouvoir compter sur une équipe qui la nourrit. "Depuis deux ans maintenant, je travaille avec Anne Bruce Falconer, ancienne danseuse qui agit à titre d’oeil extérieur et pose les bonnes questions, au bon moment. Et pour la première fois, je me suis entourée de compositeurs que j’adore et qui signent la musique de chacune des chorégraphies de Boo!: Michel G. Côté, René Béchard et Jacques-Philippe Lemieux, membre du Banjo Consorsium", nous dit celle qui aimerait bien un jour travailler avec Daniel Bélanger.

Dans l’avenir, aux trois oeuvres existantes pourraient s’ajouter d’autres créations. "J’aimerais que les pièces de Boo! deviennent interchangeables, s’adaptent aux publics, aux milieux, aux salles plus ou moins équipées. À cet effet, on travaille déjà sur une étude où les interprètes ont entre les mains un seul et même accessoire: une vadrouille!"

Mais à quoi carbure donc Francine Châteauvert, elle qui soufflait récemment ses 50 bougies? "Je n’ai pas envie de me mettre en danger comme d’autres créateurs, je préfère me fier à l’inconscient. C’est parfois tout aussi affolant! On se demande où ça va nous mener et ça nous propulse parfois dans le vide. J’adore mon métier et je veux le pratiquer encore longtemps. Pour ça, je dois éviter les pièges de la création. Et puis avec l’âge, on refuse le stress, les compromis et on souhaite avant tout l’authenticité… Ça prend plus de temps et c’est mûr quand c’est mûr. À prendre ou à laisser", conclut la lumineuse artiste.