Apocalypse à Kamloops : La fin du monde est à 20h
Scène

Apocalypse à Kamloops : La fin du monde est à 20h

Une comète s’apprête à détruire la Terre. Il reste 25 heures à la famille Théroux pour régler ses comptes. Apocalypse à Kamloops atterrit à la Bordée.

Ceux qui seraient tentés de voir dans le texte du Vancouvérois Stéphan Cloutier des accents orwelliens se trompent. "Au fond, la venue de la comète n’est qu’un prétexte pour que les personnages se disent leurs quatre vérités", affirme le metteur en scène Patric Saucier. Mais même avec la pression du sablier, ça reste complexe, à en croire Saucier. "Par exemple, t’as beau être au restaurant avec ton chum pour lui annoncer que tu veux rompre, il va se passer tout un souper pis une bouteille de vin et demie avant que tu arrives à dire "je te laisse"… Comment retarder le moment de se dire les vraies choses, ça, c’est drôle!"

Au centre de l’histoire, il y a Jocelyn (Nicolas Létourneau), un jeune homosexuel qui a quitté le nid familial sans explication. La séance de lavage de linge sale en famille va pouvoir commencer grâce à l’intervention de deux muses descendues du ciel avec la mission de réconcilier la famille Théroux d’ici l’apocalypse.

Une matière fertile pour Saucier, qui aime teinter ses mises en scène d’une couleur fantaisiste. "Y’a toujours une petite touche bd et cinéma dans mon travail. J’aime amener des effets cinématographiques au théâtre, mais sans utiliser le procédé vidéo. Je me demande tout le temps comment transposer des procédés qui marchent bien au cinéma et les adapter au théâtre, comme les ralentis, par exemple. J’ai même déjà mis des bloopers à la fin d’un show de théâtre!"

Avec un climat de fin du monde et deux revenantes, se dirige-t-on vers des effets de science-fiction théâtraux? "Oniriques, disons. Comme Stérope et Nathalie sont des personnages invisibles aux yeux de presque tout le monde, y’a vraiment moyen de s’amuser avec ça sur une scène", répond Saucier malicieusement.

L’humour est donc au centre de cette coproduction de la Bordée et du Théâtre du Tandem (Abitibi). À un point tel qu’à Rouyn-Noranda et à Ville-Marie, en 2008, le spectacle a été présenté dans des théâtres d’été! Patric Saucier explique: "Mais depuis, ça s’est transformé, c’est devenu une sorte de tragédie familiale comique." "Automniser" le spectacle a exigé un intense travail de stylisme. "On a demandé à l’auteur des réécritures et nous aussi on s’est permis des changements." Un terrain miné, que les metteurs en scène parcourent "bien plus souvent qu’on le pense", affirme Saucier, qui confie d’un même souffle que "même les comédiens voulaient des changements". Dans une ville comme Québec où les acteurs jouent, écrivent, traduisent et mettent en scène, rien d’étonnant à ce qu’un nouveau texte soit passé au crible par l’équipe qui le monte.

Et maintenant? Satisfait, monsieur Saucier? "Oui. Là, c’est l’fun. Mais on s’entend, c’est léger. Disons que c’est un bon antidote à la grisaille."