Denis Bernard : La fête des mots
Scène

Denis Bernard : La fête des mots

Avant de fermer le Théâtre La Licorne pour procéder à sa reconstruction, le nouveau directeur artistique Denis Bernard propose La Dizaine des auteurs, pour célébrer les mots et les énergies créatrices des complices du petit théâtre de l’avenue Papineau.

En succédant à Jean-Denis Leduc, en sabbatique pour une durée encore indéterminée, Denis Bernard hérite de la tâche colossale mais excitante d’opérer la transition entre La Licorne actuelle et le nouveau lieu. Avec La Dizaine des auteurs, un événement-bénéfice qui s’étend sur dix soirées, il ajoute sa griffe à la saison actuelle, réfléchie et mise en place par son prédécesseur. Mais il y voit aussi une manière de faire miroiter le renouveau à venir, de teinter la saison de son goût pour la remise en question. Il ne veut rien de moins que réinventer la formule de la campagne de financement.

"D’habitude, explique Bernard, il y a un gros repas, c’est une grosse soirée à 250 $, pour un parterre de gens d’affaires qui ne savent pas toujours où ils se trouvent. Je ne condamne pas ce modèle-là, mais je me suis demandé si on pouvait baisser un peu le prix des billets pour l’ouvrir aux spectateurs réguliers et en faire une vraie fête, un événement qui soulignerait aussi la fermeture du théâtre et le début des temps nouveaux. Je demande aux spectateurs s’ils sont prêts, une fois dans l’année, à payer leur billet 20 $ de plus pour manifester leur appui à La Licorne. C’est très risqué, mais on essaie."

Ce seront donc dix soirées festives où des habitués de La Licorne auront tour à tour carte blanche. Félix Beaulieu-Duchesneau et le Théâtre Qui va là, par exemple, en profitent pour présenter des extraits d’un spectacle intitulé La Fugue, le tout accompagné de chansons grivoises. D’autres, comme Frédéric Blanchette et son équipe du Théâtre ni plus ni moins, vont tester du matériel inédit. D’autres encore vont s’intéresser à une thématique précise, comme Fanny Britt et Marie-Christine Lê-Huu, qui décortiqueront la figure masculine à travers les enfants qu’elles ont eus et les frères qu’elles ont perdus.

"L’idée, poursuit Bernard, c’est de réaffirmer la place centrale du texte à La Licorne, ainsi que les énergies créatrices, les filiations et les complicités qui la traversent. Je voulais que ces soirées-là soient un polaroïd de la réalité actuelle. Rien à faire d’une rétrospective historique, il fallait vivre ces soirées-là avec les gens qui façonnent La Licorne d’aujourd’hui."