Jean-Guy Legault : Entre ciel et terre
Scène

Jean-Guy Legault : Entre ciel et terre

On découvrira la grande salle rénovée du Théâtre Denise-Pelletier avec une adaptation de Vingt Mille Lieues sous les mers, oeuvre phare de Jules Verne. Le metteur en scène Jean-Guy Legault nous promet tout un voyage.

Quand il s’attaque à un classique, Jean-Guy Legault le fait toujours de manière très concrète. S’il transpose l’action dans un univers contemporain, il ne laisse planer aucune ambiguïté, fait évoluer les personnages dans des décors modernes et remanie le texte pour en affirmer très fort l’actualité. Ceux qui ont vu sa mise en scène de Rhinocéros, d’Ionesco, au TNM il y a deux ans, le savent. De manière tangible, claire et précise, il s’interroge sur les propos des grands textes à la lumière de notre monde, sans laisser trop de place à l’abstraction mais en laissant toujours une porte ouverte à la réflexion et à la remise en question. Il est tout aussi concret quand il parle de son travail.

"Mon parti pris, c’est de faire un parallèle entre les fonds marins visités par les personnages de Jules Verne et l’obsession actuelle pour la découverte de l’espace. Aujourd’hui, on cherche Mars, et dans un sens, on cherche une autre planète à peupler parce qu’on a trop magané la nôtre. Je trouve ça assez incroyable de regarder ça sous cet angle-là, de voir qu’on cherche peut-être un nouveau lieu de vie au lieu d’essayer de sauvegarder notre propre planète. Je joue donc sur la ressemblance entre les scaphandres et les habits d’astronaute, l’apesanteur de l’espace et le flottement aquatique, et ainsi de suite. On pourrait monter ça avec des marionnettes ou dans l’esprit du conte, mais moi, je fais le pari du gigantisme et de l’action, car de toute façon, je suis incapable de faire autrement."

Voilà un propos qui colle bien à l’éloge de la nature qui traverse le roman-culte de Verne. À bord du sous-marin Nautilus, le capitaine Nemo constate, entre autres, que les océans sont vidés de leurs poissons et que l’humain, auquel il ne croit plus, a détruit la nature qui l’a pourtant mis au monde. "C’est étonnant de voir à quel point les préoccupations de Verne ont une résonnance actuelle, remarque Legault. On n’a qu’à penser au réchauffement de la planète. Le capitaine souligne que l’homme s’est éloigné de la nature et est responsable des malheurs environnementaux qui le guettent. Son discours est on ne peut plus environnementaliste; il dénonce les excès de sa race."