Vingt Mille Lieues sous les mers : Mer et Monde
Scène

Vingt Mille Lieues sous les mers : Mer et Monde

Après Dickens, Poe et Stevenson, Jean-Guy Legault se mesure à Jules Verne, plus précisément à Vingt Mille Lieues sous les mers. Un pari audacieux, à demi réussi.

Depuis 1996, le Théâtre des Ventrebleus offre aux jeunes et aux moins jeunes des rendez-vous avec l’imaginaire, la fantaisie et le merveilleux, des spectacles qui sont le plus souvent inspirés de chefs-d’oeuvre de la littérature. Sous la houlette de Jean-Guy Legault, les expéditions sont toujours drôles, mais aussi critiques, lucides envers les hommes et leurs choix individuels et collectifs. C’est encore une fois le cas: Vingt Mille Lieues sous les mers est une production divertissante, un mélange de science, d’aventure et de philosophie presque toujours réjouissant.

Il n’y a pas à dire, le roman de Jules Verne est un matériau tout désigné pour le metteur en scène. Le périple maritime du professeur Aronnax, de son acolyte Conseil et du harponneur canadien-français Ned Land est haut en rebondissements. En bateau, puis en sous-marin, le drolatique trio, incarné avec une fougue quasi athlétique par Luc Bourgeois, Éloi Cousineau et Louis-Olivier Mauffette, doit affronter la tempête, surmonter les différences culturelles, combattre une pieuvre géante, repousser de méchants pirates et, surtout, tenir tête à l’énigmatique capitaine Nemo.

Particulièrement inquiétant, l’homme vit en autarcie complète dans la coque d’un sous-marin qui fonctionne à l’énergie nucléaire. Pour protéger son utopie, il est prêt à tout, même à tuer. Malheureusement, c’est à cause de ce personnage que la représentation se met à verser dans la morale, le didactisme. On redit la méchanceté fondamentale de l’homme, son obsession pour la colonisation de nouveaux territoires, sa soif de destruction. Par conséquent, la seconde moitié du spectacle paraît nettement plus longue, moins mouvementée, presque lassante.

Mais revenons au ravissement de la première partie. Un ravissement qui est en grande partie attribuable au décor. Devant les superbes projections sous-marines de Michel-Antoine Castonguay, la scénographe Julie Deslauriers a suspendu un plateau ovale aux arêtes métalliques, une surface transparente dont la forme évoque celle d’un oeil, mais aussi le pont d’un navire ou le hublot d’un sous-marin. On ne cesse de s’émerveiller du dialogue qu’entretient le dispositif avec les comédiens, les éclairages et les projections. Ces images, mémorables, constituent la grande réussite du spectacle qui inaugure le nouveau Théâtre Denise-Pelletier.