Chantal Grenier : Noël blanc
Scène

Chantal Grenier : Noël blanc

Entre le désir de revisiter notre histoire, de retrouver la magie de Noël et de vibrer au son du chant choral, le coeur de Chantal Grenier balance. Avec ses acolytes du Théâtre Exaltemps et leur spectacle Noël 1933, elle fait un peu tout ça à la fois.

Au Québec, les spectacles de Noël sont souvent de grosses productions spectaculaires pour grandes scènes et grosses distributions, à la manière Québec Issime. Chantal Grenier et sa soeur Dominique Grenier, avec leurs comparses David Gagnon et Véronique Pilon, rêvaient plutôt d’un spectacle intime où l’ambiance féerique du temps des Fêtes se conjuguerait à leur intérêt pour l’histoire sociale du Québec et le théâtre musical.

Le rêve est sur le point de devenir réalité. Noël 1933, portrait d’une époque en parlures et en chansons est le premier spectacle professionnel de cette jeune équipe d’autodidactes. Onze comédiens-chanteurs, dont plusieurs finissants en théâtre musical du collège Lionel-Groulx, vont donc envahir la petite scène du Studio-Théâtre de la Place des Arts pour incarner les misères et les espoirs d’un groupe de citoyens de Saint-Henri en 1933. Des Canadiens français déterminés à vivre un Noël féerique et solidaire malgré la crise économique et la grisaille du moment.

"En 1933, le taux de chômage est de 24 %, explique Grenier. C’est le plus haut pourcentage après le krach de 1929. Plusieurs croient que c’est une période sans espoir, alors que d’autres veulent profiter de la catastrophe pour faire naître la solidarité. Bien sûr, on fait un petit clin d’oeil à la crise d’aujourd’hui, mais sans trop insister. La situation est bien différente, et c’est l’occasion de constater que malgré la vigilance qu’on doit conserver en tout temps, on est beaucoup plus en mesure de faire face aux crises aujourd’hui, parce que nos gouvernements ont posé des gestes importants en ce sens. Ça prouve qu’on a appris de la crise des années 30. En tout cas, ce qui est certain, c’est que la misère rapproche les gens. C’est fou comme en période de crise, l’individualisme s’estompe. C’est peut-être naïf de croire ça, mais ça fait du bien."

Solidarité

C’est cette idée de solidarité qui a motivé le choix d’un spectacle musical. "Évidemment, ajoute l’auteure et metteure en scène, la période de Noël est propice aux chants choraux. Les chansons sont introduites dans des scènes très collectives, donc dans un esprit de communauté, de communion. Mais aussi de manière intime, avec le désir d’approfondir les enjeux et les personnages."

Grenier ne cache pas que le spectacle, même s’il met l’accent sur l’humanité, cherche à faire oeuvre d’éducation, à puiser dans le passé pour y retrouver ce qu’il a de passionnant et d’inspirant pour l’avenir; en quelque sorte, à redonner aux spectateurs le goût de l’histoire. "Je trouve ça bien de raconter l’histoire d’une manière plus incarnée que ce qu’on apprend à l’école, en ne mettant pas l’accent sur les seuls événements politiques. L’idée, c’est de joindre l’utile à l’agréable, de faire tout ça d’une façon ludique. On a écrit le texte, ma soeur et moi, à la suite d’une recherche exhaustive sur l’année 1933 précisément, à partir de coupures de journaux et d’ouvrages historiques. On a aussi cherché une grande vérité dans le dialogue, en s’attardant aux niveaux de langue."