Harold Rhéaume : Pierrot moderne
Dans Variations mécaniques, Harold Rhéaume invite petits et grands à entrer de plain-pied dans l’onirisme et l’imaginaire, là où la poésie doucement prend vie, sous le regard de la lune pleine…
Un des chorégraphes favoris du public de la capitale, Harold Rhéaume, est de retour parmi nous pour seulement deux représentations, alors qu’on aura l’occasion de le voir danser, en solo, dans sa dernière création destinée à un jeune public (dès cinq ans). Créée en 2007 à Créteil en France après un travail d’ébauche en 2004 au même endroit et sur une invitation de la Maison des arts et de la culture de la ville et du festival Escapades, Variations mécaniques atterrit enfin à Québec.
"Dès le départ, mon défi a été de créer une oeuvre qui irait chercher les enfants et leur imaginaire, sans pour autant être gnangnan", explique tout de go l’artiste. Habitué des créations pour un jeune public adolescent, avec qui il n’a jamais eu l’impression de devoir modifier son langage chorégraphique – on pense à CLASH!, ou encore à F.U.L.L ou Les Cousins -, Rhéaume a pris le pari "d’étirer l’élastique", c’est-à-dire d’aller rejoindre les enfants sans faire de compromis artistique. Pour ce faire, il a pris le chemin de l’abstraction plutôt que du concret, de la poésie plutôt que de la réalité.
DONNER VIE
Sur scène, un homme-enfant naïf suspendu dans un endroit nocturne intemporel éclairé par la pleine lune découvre deux objets inanimés auxquels il insuffle la vie: la patineuse et le culbuto, deux sculptures imaginées par l’artiste Yvan Dagenais et qui se meuvent sous l’impulsion du mouvement – l’une roule et tourne, l’autre culbute. "L’idée de base, c’est d’animer ce qui est inanimé, un peu à la façon dont Fred Astaire pouvait donner vie à une patère en dansant avec. C’est abstrait, épuré, et ça allume complètement l’imaginaire des enfants", a pu constater le danseur au fil des représentations qu’il a données en France, à Montréal et à Chicoutimi. "Dans le fond, ajoute-t-il, je montre comment un enfant peut, dans son monde imaginaire, se développer des amitiés, briser la solitude et faire confiance aux choses qui peuvent paraître étranges au premier regard."
Seul sur scène, dansant sur la musique de Pascal Robitaille, Rhéaume s’accompagne de projections qui feront intervenir des doubles de lui-même (une scène qui s’inspire du film Canon de Norman McLaren, un des premiers maîtres du cinéma d’animation canadien) et fera la rencontre d’une lune pleine avec laquelle son personnage, sorte de pierrot lunaire moderne, s’amusera et s’émerveillera. "Je voulais apporter un élément nocturne, une atmosphère un peu plus troublante dès le départ; et puis la lune, c’est le symbole par excellence de l’inconnu et du mystère, un astre qui fascine peu importe l’âge."
Et même si la pièce est destinée à un jeune public, l’artiste croit que chacun peut y trouver son compte, pour peu qu’il ait conservé une certaine naïveté. "Les plus jeunes sont dans la découverte et la surprise, les plus grands y voient toute la symbolique de l’apprivoisement ou de l’amour, lorsque je rencontre la danseuse par exemple. L’adulte, lui, va être touché par l’aspect poétique et les références un peu nostalgiques, comme celle au cinéma muet à la Chaplin."
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Harold Rhéaume, le cinéma muet, Le Petit Prince