Les Chroniques communautaires : Canal psy
Un théâtre à l’humour absurde et précis, qui sort de la plume d’un psy. Thérapie par le rire avec Les Chroniques communautaires, présenté sur la scène de Premier Acte.
Le spectacle a connu une première vie au Théâtre de la Cité universitaire à l’Université Laval, alors que son auteur, Éric Raymond, étudiait les affres de la schizophrénie. Diplôme en poche, il pratique pendant un an au CHUL, "mais l’appel pour les arts et la scène était trop fort et j’ai tout lâché", explique l’ancien psy en ajoutant qu’il garde de son ancien métier "un brin de folie"!
Éric Raymond a imaginé une émission de télévision, Les Chroniques communautaires, qu’animent Réjean J. Jobidon (Sylvain Déry) et Carl T. Thibodeau (lui-même) pour leurs fidèles "trois spectateurs". Au menu des deux animateurs du dimanche, des chroniques horticoles, des bulletins météo, qui annoncent qu’"au Salvador, l’humidité relative est à 130 %, les 30 % supplémentaires étant dus à l’explosion d’une usine de fromage", des chroniques beauté, scientifiques ou vaguement géopolitiques, qui nous apprennent qu’aujourd’hui au Tibet, "il y a un spectacle de Big Foot".
"Mais l’idée n’est pas de rire des canaux communautaires et de leur programmation", assure Tommy Bélanger, qui endosse le rôle de Gilles, le chroniqueur "vedette" de l’émission: "Les personnages prennent très au sérieux ce qu’ils font. Ils ont transformé leur sous-sol en véritable studio. Ils sont très "all brun"… réguliers et pas flamboyants." L’auteur et comédien ajoute: "Fallait que ça soit comme ça pour que l’humour passe. C’est comme ça que l’absurde fonctionne."
Pour Éric Raymond et Tommy Bélanger, on peut toujours ajouter de l’eau au moulin de l’humour, notamment à l’absurde: "On n’est pas d’autres Denis Drolet. Nous, on a un fil conducteur, des personnages, une action dans un lieu donné. Au fond, c’est un spectacle d’humour, mais qui n’est pas conçu comme un spectacle d’humoristes", affirme Tommy Bélanger.
Mais comme plusieurs humoristes, l’ancien psy devenu auteur s’astreint à la périlleuse méthode "une ligne, un punch". "Et même, souvent, y’a plusieurs punchs dans la même ligne", clame fièrement son comparse Tommy Bélanger. Pour s’assurer de l’efficacité de leur création, ils l’ont soumise à quatre soirs de représentation, en septembre dernier, sur la scène de l’Expo-Théâtre de la Visitation. Et le résultat a été concluant: "Le rire de fond de salle était vraiment constant, alors c’était facile de voir les gags qui ne fonctionnaient pas", explique Bélanger.
Une présentation qui a eu des échos jusqu’en Basse-Normandie, où le Festival de théâtre des Baladins les convie à sa 10e édition, en mai prochain. D’ici là, ils s’installent sur la scène de Premier Acte pour trois soirs, espérant que le public éteindra son téléviseur pour allumer leur fausse télé communautaire.