Sous l'oreiller : Ini-mini-magie-mots
Scène

Sous l’oreiller : Ini-mini-magie-mots

Sous l’oreiller est une création du Théâtre du Double Signe avec un frame de spectacle pour enfants, mais habitée par l’âme et la parole d’un adulte éveillé, Patrick Quintal.

Au début du siècle dernier, Windsor McCay créait Little Nemo, une bande dessinée construite autour d’un personnage de petit garçon qui voyage dans des univers fantastiques à partir de son lit. Dans la pièce Sous l’oreiller, création toute fraîche du Double Signe, Patrick Quintal possède un lit du même modèle. Ayant poussé un exercice de style jusqu’au bout, soit celui d’écrire avant de sombrer dans le sommeil, l’artiste a pondu de courts textes oniriques qui nous transportent dans son délirant inconscient devenu théâtral.

Plusieurs des univers de Quintal sont reliés à l’enfance. D’ailleurs, la scène chargée d’accessoires nous replonge dans ces émissions jeunesse qu’on écoutait assidûment jadis (vous souvenez-vous de Traboulidon?). Par son jeu amusé et physique, le comédien donne à chaque tableau de ce show solo une couleur distincte. Parfois, on a droit à une légende déjantée, et à d’autres moments, lorsque la musique se fait plus présente, on trouve des parentés avec les chansons narrées de Brigitte Fontaine, la grande folle de la chanson française.

Il y a donc de la folie dans ce laboratoire et certains y verront de l’absurde car dans le rêve, il n’y a pas de logique qui vaille. Il faut se laisser guider par l’esprit ludique de Quintal, qui enchaîne les métaphores (il compare des visages à des lopins de terre) et les jeux de mots olympiens (alors qu’il fait du pop-corn: "ils disent m’aimer, mais ils maïs"). La sagesse de l’artiste n’a d’égal que son espièglerie.

Plus le show avance, plus on tend vers le cauchemar (il rêve de tuer son prochain avec de la soie dentaire), mais tout est bien qui finit bien dans le monde de Quintal, car sous son oreiller se trouve une zone de sécurité, de confort absolu, de liberté. Justement, voilà un show qui témoigne de la collégialité qui règne au Double Signe et de cette volonté de faire du théâtre même sans la grosse machine, car il y a de bonnes histoires à conter et de la substance à partager, soit l’imaginaire de l’un de nos grands créateurs.

À voir si vous aimez /
Bruno Coppens, les jeux de mots, les émissions jeunesse