Contes urbains 2009 : Laver son linge sale en famille
La tradition des Contes urbains se poursuit sans faire de vagues. Course aux bébés et autres histoires de famille font de l’édition 2009 une cuvée bien mal équilibrée.
L’un des plaisirs des Contes urbains du Théâtre Urbi et Orbi, outre les joies de l’oralité, c’est de chercher des liens et voir comment les contes s’assemblent et se ressemblent. Cette année, sans trop forcer la note, on constate un thème central: la famille. Il est rare que les conteurs urbains s’expriment autant à l’unisson.
La soirée s’ouvre et se ferme sur des contes d’Yvan Bienvenue. Hélas, l’originalité et l’inventivité ne sont pas au rendez-vous. Dans Body bag, un fils amérindien (Dave Jennis) se souvient de son père et de ses tourments identitaires à travers une histoire de sacs mortuaires. La structure narrative est échevelée, l’interprétation est tiède. Dommage. Le dernier conte, Butterfly, est plus léger et met en scène le très sympathique Guy Vaillancourt parlant de sa vieille mère en termes volontairement flous, avant de dévoiler un punch final trop prévisible.
Puis, il y a les bébés. Dans le conte de Justin Laramée, Paul-Patrick Charbonneau incarne un homosexuel urbain forcé de jouer à la gardienne d’enfant. On y retrouve le penchant de l’auteur pour la provocation, qu’on accueillerait mieux si son histoire n’était pas autant remplie de clichés. Le conte de Fabien Cloutier, La Chienne, parle d’avortement dans une tonalité dramatique qu’on ne lui soupçonnait pas. Caroline Tanguay en livre une interprétation sentie.
Le moment fort de la soirée est sans contredit Gloria, interprété par Julie Carrier-Prévost. L’auteur Simon Boulerice y sert les mêmes ingrédients qu’à son habitude: un personnage de la génération Y lancé dans une tragédie impromptue où se retrouvent pêle-mêle des images religieuses et des influences du cinéma américain et de la culture pop. Son univers est de mieux en mieux maîtrisé, au moyen d’une écriture habile et fluide.
Autre petit plaisir: le conte de Jean-Philippe Baril-Guérard, version remaniée d’un conte d’abord créé au Festival Fringe. Une histoire de bijoux de famille éparpillés par un coursier à vélo chargé d’une mission périlleuse. Grivois, savoureux, et surtout, écrit avec le souci de bousculer les codes de la tradition orale.
Dans Noël bio, interprété par la polyvalente Francesca Barcenas, le romancier André Marois installe des personnages colorés et provoque une étrange réunion de famille. Surtout, il maîtrise l’art du suspense et de l’improbable, proposant un conte des plus morbides.