Je m'appelle Marilyn : Sous les projecteurs
Scène

Je m’appelle Marilyn : Sous les projecteurs

Pour sa deuxième mise en scène au sein du Théâtre Globe Bulle Rouge, Miguel Doucet arpente les territoires de la féminité et de la folie avec Je m’appelle Marilyn.

Marilyn Monroe. Bombe sexuelle, actrice ingénue, esprit torturé ou aguichante image de papier glacé? Elle est bien sûr tout cela à la fois, et plus encore. Le Français Yonnick Flot tire de la star un portrait multidimensionnel; une pièce dans laquelle se croisent les différentes personnalités et les vifs tourments de la belle, dans la blancheur d’une chambre d’hôpital psychiatrique.

Si la représentation est assez sage dans son ensemble, c’est une très belle idée du metteur en scène Miguel Doucet que de faire porter le monologue par trois actrices, mettant ainsi en dialogue les différentes facettes du mythique personnage et ses virulents tiraillements intérieurs. Doucet transmet aussi par là le caractère ambigu du personnage: est-ce bien Marilyn qui se raconte sur son lit d’hôpital? Ou n’est-ce pas plutôt une jeune femme blonde à l’identité incertaine et à l’imagination fertile? Une actrice obscure, peut-être, dont le destin rencontre pour un instant celui de la mythique actrice hollywoodienne et la fait apparaître en double à ses côtés? Le subterfuge du dédoublement, même s’il n’est pas parfaitement original, donne ici de l’amplitude au texte et le fait décoller de la stricte et banale confession.

Cela dit, outre ce bon flash, le jeune metteur en scène fait preuve d’une grande retenue. Certains y verront un juste sens de la mesure, mais l’évidence est que le spectacle ne parvient pas à nous secouer comme il le devrait. Le texte de Flot est rempli de possibilités, qu’elles soient d’ordre psychologique (références fréquentes à la maladie mentale et à la psychanalyse) ou de nature iconique (par de multiples allusions au cinéma, entre autres). La mise en scène en tient compte, attrape au passage quelques occasions de faire de jolies images, mais de façon bien timide.

Tout de même, Doucet n’a pas raté l’occasion d’offrir à ses trois actrices un agréable terrain de jeu. Entre frivolité, sensualité, démesure, folie et contenance, Maryève Alary, Pénélope Jolicoeur et Marie-Ève Tardy naviguent avec justesse et juste ce qu’il faut d’élégance, d’exubérance et de modestie. Pas de grands débordements, pas non plus de vraies fausses notes. Et de jolies chorégraphies sur des mélodies popularisées par la phénoménale actrice aux boucles dorées.