Bang Bang Love : Quand l'amour fait mal
Scène

Bang Bang Love : Quand l’amour fait mal

Les Berbères Mémères allient légèreté et vitriol dans Bang Bang Love, un spectacle ludique, interactif et sans prétention qui scrute les relations de couple sur le mode dérisoire.

Les Berbères Mémères, Ines Talbi, Elkahna Talbi et Leila Thibeault-Louchem, sont des comédiennes rebelles qui se plaisent à la dérision, avec intelligence et légèreté. Avec leurs amis des Néos, des Biches Pensives ou du Théâtre Sans Domicile Fixe, elles forment une toute nouvelle communauté théâtrale qui, du haut de sa fougue et de sa jeunesse, veut décoincer le théâtre montréalais et créer sans prétention des pièces drôles, urbaines et spontanées, à leur image.

Bang Bang Love est une soirée de courtes pièces durant laquelle les spectateurs, guidés par une maîtresse de cérémonie (Ines Talbi), sont invités à choisir eux-mêmes les combinaisons d’acteurs, comme dans une téléréalité dont l’objectif est de former des couples, mais sous la très théâtrale formule du cabaret. Les comédiens (Guillaume Cyr, Mathieu Lepage, David Michael, Bruno Paradis et Guillaume Tellier) et comédiennes (Annie Darisse, Catherine Lavoie, Dominique Leclerc, Elkahna Talbi et Leila Thibeault-Louchem) prennent ici un petit risque, créant par là une connivence toute spéciale entre la scène et la salle.

Au menu des courtes pièces: une variation sur le thème de la rencontre, une réflexion sur l’engagement et des scènes où des couples parfaits font des projets communs, exposent leur belle vie de banlieue ou rompent avec fracas, dans une tonalité humoristique, décalée, un brin cynique.

Il faut toutefois prendre leur travail pour ce qu’il est et ne pas chercher plus loin. Elles ont beau vouloir défier les convenances en inventant des formes interactives et populaires, comme dans Temps de nuit, leur premier spectacle joué dans un bar en pleine activité, l’inévitable enrobage humoristique de leurs créations tend à les confiner au simple rang de curiosités sympathiques. Rien de bien durable, en somme, et si leurs textes mettent en général le doigt sur de réelles préoccupations de leur génération, ils demeurent la plupart du temps anecdotiques et superficiels.

Elles ont toutefois le mérite de redonner à la comédie ses lettres de noblesse. Ce n’est pas rien dans un univers théâtral comme le nôtre où les seules occasions de voir du théâtre comique ont lieu dans des théâtres d’été où retentissent les rires gras et déraisonnés. Chez Les Berbères Mémères, l’humour est fin mais surtout très critique, au moyen d’un cynisme bien dosé.