Revue 2009 / danse : De bon augure
Dire que la danse va bien à Québec est un euphémisme. Au point où choisir les meilleurs spectacles de 2009 relève presque de la torture…
Iris Gagnon-Paradis
Photo : Valérie Simon
JOSE NAVAS, ANATOMIES
Cela faisait quelque temps que José Navas n’était pas venu poser ses gracieux pieds sur le sol de la capitale, et la rencontre printanière n’en était que plus attendue. C’est avec ses Anatomies sous le bras qu’il s’est présenté, humblement, dénudé et si parfaitement en maîtrise de son art qu’il était impossible de ne pas se laisser happer par la pure beauté de sa danse. Une pièce qui aurait pu être froide, vu son propos "médical" – le chorégraphe a travaillé à partir de planches d’anatomie pour construire sa gestuelle -, mais qui était plutôt d’une douceur et d’une délicatesse émouvantes. Un hommage vibrant au corps humain, à sa force, à sa vulnérabilité et à sa résilience. Que reste-t-il à espérer, sinon que la Rotonde nous fasse le cadeau d’une autre visite en 2010?
HOFESH SHECHTER COMPANY, UPRISING / IN YOUR ROOMS
On attendait la visite de la compagnie du Londonien d’origine israélienne Hofesh Shechter sur la scène du Grand Théâtre avec impatience cet automne. C’est qu’une rumeur favorable le précédait; encensé en Europe pour son travail, cet ancien émule de l’hallucinante Batsheva Dance Company qui s’est perfectionné dans les percussions au point de composer lui-même ses propres trames sonores, hybrides hypnotiques de tribal à la sauce électronique, avait de quoi attirer l’attention. Et il n’a pas déçu avec Uprising et In Your Rooms, deux oeuvres puissantes à la virilité affirmée. Une énergie animale, instinctive, qui s’est déployée dans un cadre où la société est représentée dans sa mouvance, ses conflits, dans tout ce qu’elle a, finalement, d’organique. Jouissif.
Top 5 /
1. José Navas, Anatomies
2. Hofesh Shechter Company, Uprising / In Your Rooms
3. Mélanie Demers et Laïla Diallo, Sauver sa peau: Pour le propos fort sur l’identité, la scénographie onirique et poignante et la force de l’interprétation.
4. Rubberbandance Group, Punto Ciego: Pour la gestuelle hallucinante, mélange étonnant de hip-hop et de danse contemporaine, la structure déjantée, le propos drôle et touchant.
5. Sidi Larbi Cherkaoui et les Moines du temple Shaolin, Sutra: Pour la rencontre exceptionnelle entre le kung-fu et la danse, l’utilisation ingénieuse des éléments scéniques et le génie de Cherkaoui.