Revue 2009/ Opéra : Voix nouvelles
Les deux plus grands succès montréalais à l’opéra en 2009 sont des productions québécoises et contemporaines!
Après un début d’année assez quelconque avec un Macbeth (Verdi) mis en scène par René Richard Cyr, l’Opéra de Montréal connaissait en mars un grand succès en célébrant les 30 ans de Starmania (Berger/Plamondon) dans une version opératique coproduite avec l’Opéra de Québec, arrangée par Simon Leclerc et mise en scène par Michel Lemieux et Victor Pilon. Visuellement très réussie, avec des thèmes contemporains, une musique toujours au goût du jour et servie par une distribution d’enfer (dominée par Marie-Josée Lord, Marc Hervieux et Lyne Fortin), l’oeuvre a une fois de plus prouvé son increvable pérennité. Une bonne partie de la distribution revenait ouvrir la saison 2009-2010 dans le doublé Pagliacci/Gianni Schicchi (cette dernière oeuvre profitant de la rare présence sur nos planches de Marie-Nicole Lemieux).
L’Opéra de Montréal lançait aussi en 2009 son concours Apéro à l’opéra, visant à découvrir les talents cachés de chanteurs non professionnels. C’est la soprano Annie Sanschagrin, de Crabtree, qui a remporté le grand prix. On la verra donc dans la production soulignant le 30e anniversaire de la compagnie, Tosca, en février prochain.
En novembre, c’est Chants Libres qui créait l’événement en présentant le fruit d’une collaboration entre le compositeur Gilles Tremblay et le poète Pierre Morency, L’eau qui danse, la pomme qui chante et l’oiseau qui dit la vérité. Premier essai dans le genre pour les deux créateurs, l’oeuvre péchait sans doute par certains excès (texte prolixe, mise en scène un peu trop inspirée du statisme du théâtre oriental, long minutage), mais le tout était présenté dans un emballage visuel époustouflant (signé Jean Bard) qui pourrait, qui devrait inspirer d’autres compagnies… Présentée dans le cadre de la série Hommage à Gilles Tremblay, la production a attiré 1 400 spectateurs en trois soirs au Monument-National et a connu le rare privilège d’une diffusion radiophonique à Espace musique.
Si les oeuvres québécoises contemporaines peuvent connaître du succès, il faut encourager des partenariats comme celui entre la Faculté de musique de l’Université de Montréal et l’École nationale de théâtre (ÉNT), qui vise à ranimer la création opératique montréalaise. Leur collaboration a permis la création en novembre, à l’ÉNT, de Foudroyé, un opéra multimédia en un acte, avec échantillonneur, piano électronique et saxophone improvisé (livret de Mireille Mayrand-Fiset, musique de Benjamin Shemie) et de Sans électricité, les oiseaux disparaissent, un opéra de chambre avec trio de cordes et deux synthétiseurs (livret d’Éric Noël, musique de Vincent-Olivier Gagnon).