Roland Lepage : Sur la route
Roland Lepage a beau avoir plus de 60 ans de métier derrière le costume, il se sentira comme un jeune premier le soir du 12 janvier. Il y aura, au Théâtre Périscope, est un premier solo pour l’acteur de 81 ans.
Jean-Philippe Joubert n’a pas écrit un spectacle sur Roland Lepage, aussi inspirante que soit la vie de l’acteur. "Il faisait du théâtre alors que le théâtre s’inventait!" affirme celui qui en fait aussi la mise en scène. "Ce n’est pas le genre de solo où un personnage s’installe et vous raconte ses péripéties, explique Roland Lepage. Ce n’est pas anecdotique. L’homme avance avec son panier de possessions, il s’adresse à une femme disparue et on le suit dans ses vagabondages… C’est presque un road play. Le public doit reconstruire la vie de cet homme à la manière d’un puzzle, tranquillement, morceau par morceau." Pour Roland Lepage, le texte de Jean-Philippe a un grand pouvoir d’évocation et impose un rythme différent: "C’est presque un éloge à la lenteur. Ça va faire du bien après la folie du temps des Fêtes!" s’exclame Joubert.
Cet homme mystérieux, qui s’adresse à une amoureuse décédée et traîne ses souvenirs comme un boulet, a manifestement peu à voir avec la vie du créateur de La Ribouldingue. Alors pourquoi écrire un solo expressément pour Roland Lepage? Devant le silence de son jeune metteur en scène, Lepage lui souffle la réponse: "À cette question-là, je me souviens, tu as déjà répondu: "Je voulais voir ce que ça faisait de diriger un acteur de 60 ans de métier!"" Et alors? "C’est extraordinaire, répond Joubert. Roland est l’acteur le plus généreux avec qui j’ai travaillé."
La formule en solo ne trouble pas outre mesure le lauréat du prestigieux prix Denise-Pelletier. "Ça s’apprivoise bien. Évidemment, ma mémoire est mise à l’épreuve. Je suis à la merci de toutes les distractions. En plus, je joue dans un décor accidenté, plein de bosses et très déséquilibrant", ajoute en riant l’autre Lepage de la ville.
Comme dans Lucy et À l’ombre de l’escargot, autres créations signées par Les Nuages en pantalon, la vidéo est partie prenante de l’histoire d’Il y aura, et le mouvement, inséparable de l’action. "Je ne danse pas, mais il y a tout un travail sur le corps et les déplacements. Mais si Jean-Philippe m’avait demandé de danser, je l’aurais fait. Ça aurait donné ce que ça aurait donné, mais je l’aurais fait." Généreux, Roland Lepage, disait-on…