Simon Boulerice : Tout sur moi
Scène

Simon Boulerice : Tout sur moi

Une histoire où se croisent réalités et fictions, sacré et profane, grandeurs et petitesses, avec la voix de Whitney Houston en fond sonore, ça vous dit? Bienvenue dans l’univers bigarré de Simon a toujours aimé danser, solo autofictionnel de Simon Boulerice.

Voici un spectacle d’Abat-Jour Théâtre qui a été joué dans toutes les situations possibles avant d’être enfin accueilli dans un théâtre institutionnel pour quelques semaines. Créé très modestement au Festival Fringe en 2007, il a ensuite été vu au Festival de théâtre LGBT et au OFF.T.A., avant de rencontrer un public africain dans un festival de théâtre afro-arabe au Tchad.

En plus de lui permettre l’aventure du solo, Simon a toujours aimé danser jetait les bases d’un univers fictionnel que Simon Boulerice a ensuite retravaillé dans plusieurs textes (oui, oui, car il est du genre ultra-productif). Inspiré par son enfance, il y puise une matière toujours renouvelable, inventant des personnages dont l’imaginaire flirte tout autant avec les vedettes lustrées du cinéma américain des années 90 qu’avec les chefs-d’oeuvre de la littérature classique.

Le petit Simon de son solo, lui, rêve de donner naissance à un enfant au destin grandiose, à qui il pourra transmettre son unique personnalité et ses vastes connaissances. Mais, gros hic, Simon est homosexuel et rêve d’impossibles princes charmants. Peu importe, car il danse. Simon a toujours aimé danser.

Si l’objectif était d’abord de transposer le genre de l’autofiction au théâtre, le spectacle a de plus en plus évolué vers la fiction. "C’est-à-dire que je ne pense pas que les spectateurs viennent voir mon spectacle en sachant que j’y dévoilerai des secrets. C’est devenu un spectacle solo qui raconte une histoire, dans laquelle on s’amuse à s’interroger sur ce qui est vrai et ce qui est fictif."

Ce qui est vrai, c’est que Boulerice a toujours aimé s’imaginer plus grand que lui-même. Tout petit, rien ne pouvait arrêter ses rêves de gloire. "Je suis très drama queen, dit-il, je m’imagine dans une tout autre image que la mienne. Le défi, c’est que cette image de moi rejoigne celle des autres. S’attarder à son image sociale jusqu’à l’excès et se mentir à propos de soi, c’est le lot d’un paquet de monde après tout."

Hyper-instinctif, le jeune auteur dit ne pas trop réfléchir quand il écrit. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’a pas de propos. Avec son solo, il voulait interroger la notion d’héritage. "C’est un questionnement que je vis encore plus fort aujourd’hui, alors que j’approche de l’âge où je ferais normalement des enfants si je n’étais pas homosexuel. Mais je suis perturbé aussi par l’héritage collectif que ma génération et la précédente vont léguer aux générations suivantes."

Boulerice touche aussi à une zone trouble de sa sexualité. Comme Jérémie, le personnage de son premier roman Les Jérémiades (publié aux Éditions Sémaphore), le petit Simon vit pleinement son homosexualité dès le plus jeune âge. "Pour moi, à 4 ans, c’était clair. J’étais amoureux d’un petit garçon dans ma classe en maternelle. Mais ce qui est plus troublant encore, c’est que, très jeune, j’ai eu du désir sexuel pour des amis de mon père. Ça a toujours été là. Je ne peux pas faire autrement que d’en parler."