Le Portier de la gare Windsor : Le Nord et le Sud
Avec Le Portier de la gare Windsor, Julie Vincent relie avec plus ou moins d’habileté les lieux, les époques et les enjeux.
Quatre ans après La Robe de mariée de Gisèle Schmidt, Julie Vincent nous offre Le Portier de la gare Windsor, un spectacle qui est sensiblement de la même eau, c’est-à-dire mélangeant romantisme et politique, passion et révolution, chevauchant les époques et les destins, les réalités du Nord et celles du Sud. Malheureusement, dans cette histoire, les rapprochements ne se font pas toujours aussi naturellement qu’il le faudrait.
Francisco est Uruguayen. Installé au Québec à la suite du coup d’État du 27 juin 1973. Bien qu’il exerce son métier, architecte, qu’il soit amoureux de Claire, une pianiste folle de lui quoique mariée, l’exilé est hanté par son passé douloureux. Peu à peu, c’est la descente aux enfers. L’homme s’abîme, se replie en lui-même, devient clochard, puis s’installe carrément dans la salle des Pas-Perdus de la gare Windsor.
Dans la gare imaginée par Geneviève Lizotte, balayée par des images de Montevideo et Montréal, jonchée de valises évoquant le mobilier, les personnages vont et viennent en un ballet qui finit par agacer. Surtout que certains quidams ont la désagréable habitude de marcher à reculons. S’il n’échappe pas à une certaine mièvrerie, le texte de Vincent n’est tout de même pas dénué de beauté.
Cela dit, le déroulement de son intrigue est prévisible et la structure, souvent ostentatoire. Juxtaposant les lieux et les époques, la représentation tente de relier les combats et les amourettes des uns et des autres. Cela fonctionne assez rarement. Surtout pas quand on cherche à établir un parallèle entre les demandes des universitaires de Montréal et celles de la jeunesse contestataire de Montevideo.
Le principal intérêt du spectacle de la compagnie Singulier Pluriel, c’est Jean-François Casabonne. Dans la peau de Francisco, le comédien est d’une présence peu commune. La détresse de son personnage, sa solitude intrinsèque, son romantisme et sa vivacité d’esprit, voilà, et de loin, ce qui sonne le plus juste dans toute l’entreprise.
Geneviève Rioux et Noémie Godin-Vigneau ne trouvent pas leurs repères. Stéphane Blanchette et Éric Robidoux sont souvent dans la surenchère. Jean Maheux est sous-utilisé. Francesca Barcenas et Victor Andrès Trelles-Turgeon, de nouveaux venus, s’en tirent plus que bien.