Christian Bégin : La vie après la mort
Christian Bégin signe le texte de la plus récente production des Éternels pigistes, Pi… ?!, une comédie sur les deuils qui ponctuent nos vies.
La dernière fois que Les Éternels pigistes nous ont fait le bonheur d’un spectacle, c’était en 2003. Mille feuilles, un texte de Pierre-Michel Tremblay. Depuis, l’auteur attitré des Éternels pigistes a cessé de l’être et Christian Bégin s’est mis plus sérieusement à l’écriture (drôle, émouvant et surtout grinçant, Circus minimus en a touché plus d’un).
Si Bégin a écrit Pi… ?!, une comédie grave que Marie Charlebois a accepté avec joie de mettre en scène, c’est d’abord et avant tout dans le but de renouer avec ses collègues des Éternels pigistes. "On travaille tous assez fort, chacun dans nos avenues, chacun dans nos voies. Mais là, on n’en pouvait plus! On s’est rendu compte que la seule place qui nous ralliait vraiment, dans laquelle on avait vraiment du plaisir, c’était le théâtre."
Selon le créateur, cette nouvelle pièce adopte un ton bien différent mais des thèmes bien semblables à ceux exploités dans Circus minimus. "C’est un autre spectacle, un autre genre de théâtre. Pourtant, il y a une parenté. Je suis en train d’écrire une autre pièce en ce moment et je me rends compte que finalement, c’est un triptyque que je suis en train d’écrire. Les préoccupations sont les mêmes: la perte de sens, le vide, la mort, les deuils qui ponctuent nos vies…"
EMBRASSER LA VIE
Seizième lettre de l’alphabet grec et nombre aux décimales interminables situé quelque part entre le 3 et le 4, pi symbolise, dans la vision de Christian Bégin, une zone entre le passé et le présent d’un amour, entre le vrai et le faux, entre la vie et la mort. "Cette histoire d’un gars qui meurt pendant 17 minutes s’est présentée à moi sans que je ne sache trop pourquoi, explique-t-il. Ça me semblait porteur. Un jour, j’ai changé de direction et j’ai décidé d’écrire à partir de cet accident, à propos des incidences que cet impact a eues sur la vie des personnages."
À partir de cette situation, Bégin aborde la peur de vieillir, donc de mourir, et le choix que l’on fait, avant le grand jour, d’embrasser pleinement, ou non, la vie. "La pièce parle de la mort physique, mais aussi de la mort de l’amour, de la mort de certains de nos idéaux et de la manière dont ces événements peuvent faire de nous des êtres plus vivants."
Pour l’auteur de Pi… ?!, une foule de chemins, une multitude de possibles s’offrent à chacun de nous. "On n’est pas qu’une seule chose. Souvent, on s’enferme dans les scénarios qu’on se fait, on s’y accroche même parfois avec une certaine rage. Être vivant, c’est accepter de se laisser surprendre, accepter que la vie prenne des voies différentes de celle que l’on s’était tracée. Pour moi, vivre après un deuil, c’est accéder à une part d’éternité. La vie après la mort, je pense que c’est une expérience à laquelle on est invité à participer plusieurs fois dans notre vie."