Guy Nantel : Petit futé
Scène

Guy Nantel : Petit futé

Impossible pour nos politiciens de tabletter la réforme de Guy Nantel car l’humoriste la présente sur scène. Attention: ceci n’est pas le show d’un "gros cave".

On vous a sûrement déjà servi ce conseil: pour éviter les conflits, vaut mieux proposer des solutions que soulever des problèmes. "Moi, je fais les deux", lance Guy Nantel. Devenu expert dans l’art de mettre son doigt sur le bobo sociétal, il nous revient avec La Réforme Nantel, son troisième one man show (Denise Filiatrault en assure la direction artistique). L’humoriste nous assure que ça va faire mal. Tous les secteurs vont y goûter: santé, éducation, environnement, religion, justice, économie…

"Je me suis demandé ce qui ne tournait pas rond dans notre système, explique-t-il. Qu’est-ce que le monde a le goût de changer? On dit "Ça va mal!", mais qu’est-ce qui va mal? Et qu’est-ce qu’on peut faire pour que ça aille mieux?" Ainsi, les problèmes de La Réforme Nantel sont bien réels, mais les solutions s’annoncent tordues… "Cela dit, il y en a qui pourraient inspirer nos politiciens."

"Le show est différent par la façon dont je l’ai écrit, poursuit Nantel. Quand t’es humoriste, il y a une certaine insécurité quant à savoir si ça va être drôle ou pas. Avant, je procédais en écrivant des jokes et en gardant les meilleures. Là, je suis parti à l’envers. J’ai écrit ce que j’avais à dire, et après, j’ai rendu ça drôle. Au départ, j’avais donc des textes très sérieux."

Selon lui, il n’y a pas de prix à payer pour vouloir faire de l’humour politisé au Québec. "Avant, j’avais peur de dire tout ce que je pensais. Je me suis rendu compte que moins j’avais peur, plus ça allait. Je ne suis pas un épais, je suis de bonne foi. J’ai plus de chances de me faire des amis que des ennemis." Cela s’explique peut-être par le fait que Nantel n’a pas vraiment de tête de Turc. "Ma cible, ce n’est pas une personne ou un politicien en particulier. Je tape sur le dénominateur commun qui nous unit dans la bêtise."

Un gars + un micro

Visiblement, Nantel n’adhère pas au discours désengagé de la majorité de ses confrères. "J’aime que le show ne se limite pas à faire rire le monde. L’humour doit servir à quelque chose. Je partage des idées et les gens écoutent ce que j’ai à dire."

Toutefois, il faut savoir que le Guy Nantel sur scène, celui armé d’un simple micro, se veut caricatural. "C’est un proche parent, mais il est certainement plus à droite, plus expéditif que moi. Il accepte moins la contestation et la discussion." Y a-t-il un danger que le public prenne les options radicales de l’humoriste au pied de la lettre? La question fait sourire le principal intéressé: "Il peut arriver que certaines personnes ne comprennent pas la différence entre le premier et le huitième niveau, mais ça, il faut vivre avec. C’est de l’humour, pas une conférence."

La Réforme Nantel n’a rien d’une révolution pour l’humoriste, à son aise avec la formule du stand-up. Ainsi, les comparaisons entre lui et Yvon Deschamps continueront de fuser. Guy Nantel n’en a que faire. "Tsé… Si t’es un joueur de hockey et qu’on te compare à un autre, vaut mieux que ce soit à Wayne Gretzky qu’à Chris Nilan."