Akhe : Ingénierie théâtrale
Scène

Akhe : Ingénierie théâtrale

Gobo. Digital. Glossary. Histoire d’un héros invisible. En entrevue, la compagnie russe Akhe, invitée au 11e Mois Multi, décortique son [ahr-ki-tek-ton-ik].

Pour Akhe, le caractère organisé de l’oeuvre réside dans l’ingénierie de son théâtre. D’abord, ils sont deux qui font presque tout: Maksim Isaev et Pavel Semtchenko sont artistes, scénographes et cinéastes. Issus d’une formation en arts visuels, ils se sont graduellement dirigés vers la performance, puis vers le théâtre. Ils fondent Akhe en 1989 et, depuis, ils participent à de nombreux festivals un peu partout dans le monde. Tout juste débarqué à Québec, Maksim Isaev explique: "Sur scène, notre présence s’apparente à celle d’acteurs, mais nous travaillons surtout à la manipulation d’une multitude d’éléments qui font naître le récit. Mis à part le son, l’éclairage et les projections, tout ce qui se passe sur scène est de notre ressort. En ce sens, on se voit comme des opérateurs et on qualifie notre art d’ingénierie théâtrale."

Le vocabulaire visuel de Gobo. Digital. Glossary. est chargé de références à la culture de l’image: ombres chinoises, reproductions de photographies et dessins animés se côtoient de manière à dresser un glossaire bigarré de nos rapports au médiatique. "De plus en plus, nous entrons en contact les uns avec les autres au moyen des technologies et, d’une certaine manière, ces technologies agissent un peu comme une ombre de nous-mêmes, constate Isaev. Aussi, dans notre spectacle, nous utilisons la vidéoprojection afin de reproduire nos actions sur grand écran. Mais nous ne le faisons pas pour critiquer; c’est davantage une illustration de nos manières d’être à l’ère des nouvelles technologies."

Une illustration sous un mode burlesque, cependant. Et c’est là que tout bascule! Car à côté de ces renvois à la technologie, il y a tout ce qui relève du fait main, du ratage et de la grimace. On retrouve alors toutes sortes d’objets issus du quotidien ou de l’univers du jeu comme des ballons, des marionnettes, des chapeaux et des ustensiles. "Avec ces objets et presque sans paroles, on raconte l’histoire d’un héros sans qu’il n’apparaisse réellement sur scène", résume l’artiste. En triturant ainsi les éléments les plus traditionnels du théâtre, Akhe érige une architectonique nouvelle, une structure alors ouverte à l’inédit.