Gino : Les femmes préfèrent les Gino
Scène

Gino : Les femmes préfèrent les Gino

Après six ans de Morceaux d’amour à l’occasion de la fête des amoureux, le Théâtre Dérives urbaines présente Gino en guise de dessert.

D’abord exercice de mise en scène où les sketches romantico-comiques défilaient, la série Morceaux d’amour a été créée par de jeunes et ambitieux créateurs qui ont mis leurs efforts et leurs expériences amoureuses en commun pour proposer, annuellement, de petites truffes scéniques, juste à temps pour la Saint-Valentin. Six ans plus tard, ils en arrivent à la crème de la crème et ont envie de se renouveler… "Au départ, il y avait un créneau qui s’offrait: une salle disponible autour de la Saint-Valentin. On s’est dit: "Tiens, pourquoi pas utiliser ce grand thème, avec plusieurs perspectives?" C’est devenu une occasion de se réunir, d’expérimenter autour d’un modeste projet. Mais voilà, après six ans, le thème et le contexte commençaient à nous peser: la contrainte d’un spectacle devant demeurer festif, joyeux et divertissant; le fait qu’il n’était pas aisé de le reprendre hors de ces dates…" développe l’auteur Luc Moquin (Exit(s)), qui fait partie du noyau dur des Morceaux depuis la première édition et qui en signe le dernier.

Écrit par un homme, donc, Gino ne met en scène que des personnages féminins – "de différents âges, de différentes situations" – qui s’épancheront sur leur "Gino" respectif… Dans une formule qui s’inspire du cabaret, le trio de comédiennes Emmanuelle Lussier-Martinez, Catherine Rousseau et Maxine Turcotte multipliera monologues et dialogues, sous la direction de Magali Lemèle. "J’ai senti une certaine résistance, voire une déception de leur part, de se voir imposer l’impossibilité de travailler avec des hommes, relève Luc Moquin. J’avais cette volonté de sortir de la formule du couple, de prendre le point de vue de la femme et de le pousser à fond." La metteure en scène a réglé le malaise en faisant appel au percussionniste Jean-Sébastien Dallaire (BAM), qui vient ponctuer les morceaux et pour qui Luc Moquin s’est résolu à écrire quelques lignes.

Vrai que les femmes préfèrent les Gino? "Je pense qu’elles les aiment beaucoup même si elles les trouvent fatigants parfois. Elles ne pourraient surtout pas s’en passer. J’ai choisi l’archétype de "Gino-Gatineau" d’abord parce que ça me fait rire, mais on comprend vite que le Gino, c’est tout ce que la femme s’imagine qu’il est. Et dans leur description de leur Gino, ces femmes se définissent. Je pense que c’est moins un show sur les gars que sur les filles", résume le dramaturge, qui qualifie ce dernier Morceau, l’ultime, de "plus coup de poing, punché, court et éclatant" que les précédents. "Je pense que la formule est désormais bien astiquée. On sait maintenant ce qui marche. En même temps, chaque année, il y avait des trouvailles. Au fond, il serait intéressant d’en faire un best of éventuellement… Enfin, on verra", laisse planer Luc Moquin.

À voir si vous aimez / Les Monologues du vagin d’Eve Ensler, Pour femmes seulement de Raymond Villeneuve