Laurence Lemieux : Paradis terrestre
La chorégraphe et danseuse Laurence Lemieux vient pour une première fois avec sa troupe Coleman Lemieux & Compagnie nous présenter son acclamé hommage à James Kudelka. Soirée en trois temps.
Même si elle est toute jeune, Coleman Lemieux & Compagnie, fondée en 2000 par le couple Laurence Lemieux et Bill Coleman, a déjà été reçue un peu partout à travers le monde. La capitale pourra enfin profiter du passage de la compagnie en son sol, alors que la troupe dansera trois oeuvres du réputé chorégraphe canadien James Kudelka, un programme créé il y a quatre ans à Montréal et qui comprend les pièces In Paradisum (1987), Fifteen Heterosexuals Duets (1991) et le duo masculin Soudain, l’hiver dernier (1986).
Créateur canadien incontournable, Kudelka fut danseur et bientôt chorégraphe au sein des plus importantes compagnies du pays, notamment les Grands Ballets Canadiens et le Ballet national du Canada. Reconnu pour son approche audacieuse du ballet, auquel il intègre beaucoup d’éléments de danse contemporaine, il est présentement chorégraphe résident au sein de Coleman Lemieux & Compagnie. "Au lieu de monter de nouvelles créations avec lui, nous avons plutôt eu l’idée de commencer notre dialogue en remontant ses anciennes chorégraphies", confie la danseuse et chorégraphe.
Si les trois oeuvres présentées ont été créées entre 1986 et 1991, elles sont toujours pertinentes aux yeux de Laurence Lemieux. Pour les actualiser, les costumes et éclairages (sauf pour Soudain, l’hiver dernier) ont été changés, mais "les pas et le côté très physique des pièces sont tout aussi intéressants qu’ils l’étaient à l’époque", croit-elle.
LA TECHNIQUE DES EMOTIONS
La portée émotionnelle reconnue des pièces de Kudelka a peut-être quelque chose à voir avec cette intemporalité. Considérée comme une oeuvre phare du chorégraphe, la pièce In Paradisum – dédiée aux mères de Kudelka et du compositeur de la musique Michael J. Baker, toutes deux décédées du cancer – aborde les thématiques de la mort et de la maladie. Laurence Lemieux y interprète cette personne mourante, et est amenée à atteindre cet état d’une façon très physique: "Plutôt que de me demander d’avoir l’air de mourir, James a construit sa chorégraphie de façon si épuisante qu’à la fin, je suis faite! Ça dure 24 minutes; c’est si difficile au niveau physique que je dois céder à l’épuisement et j’entre dans un état très émotif parce que c’est une danse qui est vraie, vécue."
De la même manière, Fifteen Heterosexual Duets – qui se déploie en 15 tableaux illustrant autant de relations différentes entre personnes de sexe opposé – se sert de la technique pour illustrer son propos: "La pièce tourne autour de l’idée d’interdépendance et les mouvements sont créés de telle façon qu’il est impossible de les faire seul, il faut les faire à deux. Bref, c’est illustré encore une fois de façon très physique, et avec un certain humour. C’est un beau complément aux deux autres pièces, qui sont plus sombres", décrit Lemieux. Dernière pièce au programme, Soudain, l’hiver dernier est "un duo masculin moins technique qui laisse encore plus la place à l’émotion".