Je suis Cobain (peu importe) : Réincarnation
Scène

Je suis Cobain (peu importe) : Réincarnation

Avec Je suis Cobain (peu importe), le Théâtre Sans Domicile Fixe rend un hommage senti mais confus au défunt leader de Nirvana.

Difficile de ne pas accoucher d’une pièce tordue lorsqu’on s’attaque à la désillusion de Kurt Cobain face au vedettariat, et à la relation déjà fort complexe qui l’unissait à sa non-moins-tourmentée-de-femme Courtney Love. Écrite par Dany Boudreault (Kurt Cobain) et mise en scène par Charles Dauphinais, qui joue le rôle d’un animateur de radio plus près de Denis Lévesque que de Claude Rajotte, Je suis Cobain (peu importe) ramène la légende du grunge à la vie par l’entremise de Karine (interprétée par Marie-Ève Des Roches), une fan finie de Nirvana.

Si le comment de la résurrection est vite escamoté – on en vient à l’imputer au dédoublement de personnalité de Karine -, la quête qui anime ensuite Cobain nous paraît bien mince. Dans un premier temps, le musicien souhaite justifier sa disparition tragique, un volet réussi grâce à de nombreuses références au journal intime du musicien et à sa lettre de suicide.

Mais tout au long des 60 minutes de la pièce, la rock star cherche aussi à retrouver sa fille, Frances Bean Cobain, que Courtney Love (toutes deux jouées avec brio par Ève Landry) a cachée dans une grange, entre deux épinettes. Mal expliquée, cette réclusion ne fait pas très crédible, même si elle est ponctuée de bonnes idées: Kurt, à ce moment réincarné dans le corps de Karine, jouera In Bloom sur Rock Band avec Frances. "Maman n’avait plus un sou, elle leur a vendu une chanson", dira cette dernière.

La scène où Cobain annonce son retour sur terre en direct à la radio vaut aussi le détour, mais au final, la pièce laisse trop de questions en suspens. On comprend bien où Dany Boudreault a voulu nous amener, mais sa poésie parfois lourde et la présence discutable de Boddah, l’ami imaginaire de Kurt (campé par Emmanuel Reichenbach), entremêlent inutilement les ficelles.

Dernier spectacle présenté à La Petite Licorne avant d’importantes rénovations, la production du Théâtre Sans Domicile Fixe traite le destin de Kurt Donald Cobain avec beaucoup de respect et quelques pointes d’humour, mais son intrigue en dents de scie aurait nécessité plus de profondeur, comme si on s’était trop fié à la connotation qu’ont déjà les protagonistes dans notre imaginaire collectif.