Jean Stéphane Roy : Farces à part
Scène

Jean Stéphane Roy : Farces à part

Jean Stéphane Roy signe, avec Les Médecins de Molière, une première production au Théâtre la Catapulte avant d’y coiffer le bonnet de directeur artistique en juillet prochain.

Dire qu’il s’était juré de ne jamais monter de Molière… Depuis 2002, le metteur en scène Jean Stéphane Roy en a pourtant monté une demi-douzaine. Tout récemment installé dans la région de la capitale nationale après avoir exercé son métier à Montréal, Edmonton, Toronto et dans d’autres coins du pays, il succédera dès juillet à Joël Beddows à la barre du Théâtre la Catapulte. Avant d’enfiler ces grandes chaussures, il offre une première carte de visite avec Les Médecins de Molière, en coproduction avec le Théâtre français de Toronto. Ce qui devait être la réunion de trois farces se concentre finalement sur Le Médecin volant (1645) et Le Médecin malgré lui (1666), auxquels Jean Stéphane Roy a saupoudré des bribes du Malade imaginaire (1673), ainsi que des farces Jalousies du barbouillé (1650) et L’Amour médecin (1665). "On les avait choisis pour le thème des faux médecins de Molière, présent dans ses farces, mais le message se répétait beaucoup trop. J’ai donc pigé des scènes ailleurs et fait un montage pour que le thème soit renforcé et plus récurrent à travers toute la pièce", explique M. Roy.

Ce projet de coproductions, qui s’étalera sur cinq ans, vise principalement à amener du théâtre de répertoire dans les villes éloignées de l’Ontario et du Canada. "Je me suis dit qu’il fallait remettre la farce à l’honneur, lance le metteur en scène. Je suis vraiment allé dans le comique le plus profondément possible, sans toutefois tomber dans le superficiel puisqu’il y a un sous-texte incroyable qui montre tout le génie de Molière. Même quand c’est ultra léger, tu sens la profondeur de la critique sociale, de l’humanisme, de la vision du monde."

Afin d’éviter le piège d’en faire un spectacle de musée et pour s’assurer que le propos fasse écho aux travers sociaux d’aujourd’hui, le metteur en scène a plongé dans ce qui a inspiré Molière au moment d’écrire: les farces du Moyen Âge de la commedia dell’arte. Pour cette aventure qui le mènera partout au pays en tournée, Jean Stéphane Roy a formé une troupe de saltimbanques constituée de comédiens torontois et ottaviens. "Je cherchais des comédiens ayant une certaine spontanéité et capables d’exprimer beaucoup avec leur corps. Je ne voulais pas faire du head acting. Je voulais que ce soit organique", de préciser le chef de troupe qui a trouvé en Sophie Goulet, Pierre Simpson, Vincent Poirier, Anie Richer, Chanda Legroulx et Nicolas van Burek ses compagnons de route. "J’ai d’abord constaté une timidité, une retenue, une peur du risque chez ces comédiens. Mais une fois qu’ils ont explosé, j’ai senti une grande liberté de jouer et une joie de vivre évidente."

Un beau départ pour celui qui tient présentement des rencontres avec son prédécesseur, attachant une à une les ficelles de ce qui forgera son avenir dans la compagnie. Pas de doute, nous y reviendrons…