André Sauvé : Faire rire sans permis
Scène

André Sauvé : Faire rire sans permis

Rencontre avec André Sauvé, un humoriste qui nous parle des méandres du cerveau au lieu de la différence entre les gars et les filles.

Il fut un temps où il ne fallait pas de permis pour être humoriste. On décidait un jour d’affronter le public et celui-ci décidait ensuite de notre sort. Certains ont échoué lamentablement et d’autres ont marqué à jamais le paysage de l’industrie du spectacle, mais chacun avait sa vision et son approche du rôle de l’humoriste.

Et puis en moins de quelques années, le champ artistique qui bénéficiait de la plus grande liberté est devenu le plus institutionnalisé qui soit. Désormais, faire rire n’est plus qu’une savante addition de formules approuvées par des gens qui savent ce qui fait rire la masse.

Toutefois, en parallèle de toute cette lignée d’humoristes accrédités par l’École nationale de l’humour, certains courageux osent se lancer dans le bain en évitant ce passage obligé. Parmi ceux-ci, André Sauvé, qui offre au public un humour qui détonne largement parmi ce à quoi l’industrie nous a habitués dans les dernières années. À ce sujet, Sauvé nous explique son parcours atypique: "C’est pas que je suis contre ça, mais je n’ai jamais aimé appartenir à une école. Ça a été comme ça pour tous les domaines que j’ai explorés. J’aimais faire du théâtre, mais ça ne m’intéressait pas de faire l’École de théâtre non plus. Ce qui m’intéresse, c’est la notion de jeu. C’est pour ça que toutes mes expériences du passé, que ce soit la danse ou mes ateliers en théâtre, me servent dans mon approche de l’humour."

Ayant été animateur radiophonique à CISM, l’humoriste existentialiste est donc passé d’un média peu routinier à un métier qui fait ressembler chaque soir de spectacle au célèbre film Le Jour de la marmotte. Néanmoins, Sauvé s’en amuse: "Je mentirais si je disais que je n’aime pas ça de donner ce spectacle-là. Par contre, je peux continuer à l’apprécier parce que je fais plein d’autres affaires à côté. Je suis dans un train qui roule, mais je peux me permettre de créer du neuf quand même et à la fin, ça fait toujours du bien de retomber dans le connu."

Ce "connu", qui est en fait le premier one man show de Sauvé, remporte un succès incontestable. L’industrie lui a remis le Félix 2009 du spectacle d’humour de l’année et deux Olivier, dont celui de Découverte de l’année en 2008. De plus, sa participation à la très populaire émission de télévision 3600 Secondes d’extase lui a permis de se tailler une place dans plusieurs maisons du Québec. Sauvé commente cette explosion de succès: "C’est vrai que tout ça a décollé très rapidement. Je compare souvent ça en disant que j’ai appris à nager en apprenant c’est quoi de l’eau."

Enfin, lorsqu’on l’interroge au sujet de ses influences, on comprend pourquoi Sauvé se démarque autant et a charmé aussi rapidement le public québécois: "Je ne veux pas ressembler aux artistes qui m’inspirent. C’est davantage leur façon d’être que j’essaie de prendre en compte. Je veux avoir le bonheur d’être moi."

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