Excuse-moi : Pour le meilleur et pour le pire
Scène

Excuse-moi : Pour le meilleur et pour le pire

Avec Excuse-moi, Serge Boucher et René Richard Cyr ajoutent un autre poignant chapitre à leur fructueuse collaboration.

La dramaturgie de Serge Boucher est d’une étonnante cohérence. Depuis 1993, constamment, patiemment, délicatement et sans jamais se répéter, l’homme creuse les mêmes thèmes, les mêmes enjeux, les mêmes douloureuses histoires de famille. Si bien que ses personnages, aimants et cruels, grands et petits à la fois, nous sont devenus familiers. Comme ceux de Michel Tremblay, on est heureux de les retrouver, et ce, même s’ils ne sont pas toujours d’agréable compagnie.

Après 24 poses (portraits), Les bonbons qui sauvent la vie et , des pièces à plusieurs personnages, souvent cacophoniques, on retrouve la famille Dubé dans une oeuvre plus intimiste. Mise en scène avec doigté par René Richard Cyr, Excuse-moi est une partition à trois voix qui juxtapose les moments de confrontation entre un fils et ses parents, des rencontres déterminantes qui se déroulent sur une période de 12 ans.

Entre le père, alcoolique, la mère, dépendante au jeu, et le fils, profondément troublé par les choix destructeurs de ceux qui lui ont donné la vie, la communication est particulièrement ardue. Nous sommes bel et bien en présence de cette écriture du détour et du non-dit qui a fait la réputation de Boucher.

Bien que les parents soient passés maîtres dans l’art de déverser des banalités, la détermination du fils finira par arracher quelques révélations, par fissurer quelque peu les remparts du déni, par laisser voir cet amour immense qui fonde la famille. S’il arrive qu’on frôle le mélodrame, l’humanité confondante des personnages, la justesse de l’écriture, la structure de l’oeuvre et la finesse de la direction d’acteur nous gardent d’y sombrer.

Dans la scénographie coulissante et tout horizontale de Réal Benoît, les trois comédiens sont comme chez eux. Tout en assurant la narration du spectacle, Benoît McGinnis rend palpable l’impuissance du fils à améliorer le sort de ses parents. Dans la peau du père, Michel Dumont est fragile et imposant; bouleversant lorsqu’il s’agit de traduire l’alcoolisme du personnage. Quant à Louison Danis, elle donne à sa mère de famille dévorée par le poker un juste équilibre de drôlerie et de désespoir. Impossible de sortir de là les yeux secs.