Porc-épic : Jour de fête
Scène

Porc-épic : Jour de fête

Le Théâtre PàP frappe un deuxième très bon coup cette saison avec Porc-épic. La mise en scène de Patrice Dubois éclaire tous les contrastes du texte de David Paquet.

Heureusement que le Théâtre PàP est là pour nous faire découvrir les textes de nos jeunes auteurs, leur sensibilité et leur langue, singulières, mais surtout leur lucidité, peu commune. Après le Rouge Gueule d’Étienne Lepage, une claque solide et bien placée, le Porc-épic de David Paquet est moins cru mais non moins cruel, tout aussi vivifiant. Chronique du désarroi identitaire et amoureux de notre époque, le spectacle mis en scène par Patrice Dubois fait rire aux éclats et grincer des dents. Détonant mélange.

Ce qui frappe d’abord, c’est la scénographie multicolore imaginée par Nathalie Trépanier et David Ouellet. Devant cet amoncellement de meubles et d’objets de consommation, on pense spontanément à une maison de poupée, ou alors à un petit village Fisher Price. Au sommet, il y a le balcon de Noémie (Geneviève Schmidt) et Théodore (Antoine Bertrand), un couple qui bat de l’aile. Elle, bénévole pour un centre d’écoute, souhaite avoir un enfant. Lui, un vrai tombeur, ne pense qu’à son bronzage et à la couleur de ses cheveux. En dessous, on trouve la cuisine de Cassandre (Marika Lhoumeau) et le dépanneur de Sylvain (Jean-Pascal Fournier), deux inadaptés sociaux. Comme leurs domiciles, amalgamés, fondus les uns dans les autres, les destins des personnages sont intimement liés.

Lorsque Suzanne (Dominique Quesnel), une amie de Sylvain, enceinte depuis des lustres sans savoir de qui, se fait "voler" son bébé par Noémie, une spectaculaire réaction en chaîne se déclenche. Vous aurez compris que si la pièce parle du monde dans lequel nous vivons, de nos problèmes d’estime et d’engagement, elle se détourne de tout réalisme. Ici pullulent les métaphores et les hypertrophies, d’irrésistibles absurdités souvent pleines de bon sens. Avec les éclairages d’André Rioux et les compositions de Pascal Robitaille, on croirait observer une boîte à musique, une vitrine animée, un manège aussi amusant qu’inquiétant.

La direction d’acteur est rigoureusement calibrée. Empruntant juste ce qu’il faut au registre clownesque, trouvant le bon dosage, celui qui permettra au drame de sourdre parmi les fous rires, les comédiens rendent leurs personnages terriblement attachants. C’est encore plus vrai chez Lhoumeau, Quesnel et Schmidt, furieusement drôles et extrêmement émouvantes.