Interdit de s’embrasser : Du bout des lèvres
Interdit de s’embrasser, la nouvelle production de Schème Danse, propose de revenir à l’essentiel. Et pour cela, de se défaire des normes qui régissent nos rapports sociaux.
Même s’il était à Tokyo au cours des derniers jours, où il allait présenter l’extrait d’une oeuvre de Cas Public (Hélène Blackburn) dans l’objectif de vendre le spectacle en Asie, Georges-Nicolas Tremblay a suivi d’un oeil attentif l’actualité culturelle de Saguenay. Comme plusieurs, il se montre inquiet devant les répercussions de la faillite du Théâtre du Saguenay, mais se dit rassuré par l’attitude d’un autre diffuseur de la région: "Pour la danse, j’ai une certaine confiance. En partie parce que La Rubrique montre de plus en plus d’intérêt pour ce mode d’expression."
Devant le succès connu par La Rubrique dans le développement de jeune public en théâtre, Tremblay est enthousiaste à l’idée que le diffuseur transpose à la danse cette démarche éprouvée. Le spectacle qu’il prépare est d’ailleurs en partie redevable au projet de résidence de création en danse de La Rubrique, dont profite justement Schème Danse cette année pour peaufiner son nouveau spectacle.
SUR LA BOUCHE
Interdit de s’embrasser, c’était d’abord un véritable avis public. Dans une gare anglaise, l’interdiction devait favoriser une meilleure circulation des voyageurs. Pour Georges-Nicolas Tremblay, c’est devenu une réflexion sur les relations interpersonnelles.
C’est ce qui émanera du spectacle: les normes filtrent nos rapports, nous obligent à arborer des masques sociaux, un peu comme des persona, ces faux visages qui étaient autrefois portés par les tragédiens grecs. Pour le chorégraphe, ce n’est qu’en effeuillant ces masques qu’on peut se retrouver les uns les autres dans une relation d’authenticité.
Pour ce nouveau spectacle, Tremblay a choisi de s’éclipser pour offrir les planches à cinq interprètes (Roxane Duchesne-Roy, Marc-André Goulet, Merryn Kritzinger, Suzanne Paulson et Mickaël Spinnhirny). "J’avais le goût de transférer sur d’autres ma démarche et ma recherche, le goût de me détacher de moi pour voir ce que ça donnerait…"
Comme pour son précédent essai, Le Phénix (résilience.3), Tremblay avait d’abord la volonté de proposer un travail plus théâtral… Dans cette optique, le chorégraphe a même embauché un comédien. Or, soumis à la férule de la création, il a dû revoir ses plans. Pour éviter la redite du mot et du geste, il a même fini par effacer tous les textes de la trame du spectacle. "Quand on voit que les choses se disent bien à travers les gestes, dans ce qui est là devant nous, il est inutile de les répéter. On veut les laisser se dire, ces choses-là. Danser, c’est parler autrement…"
Certains chorégraphes sont surtout motivés par une recherche esthétique, ce qui rend la danse contemporaine parfois hermétique. Ce n’est pas le cas de Tremblay qui, s’il porte une attention particulière à la beauté du geste et de la ligne, est surtout mû par une volonté de communiquer. "À la limite, le médium pourrait être différent. J’ai déjà travaillé en théâtre, j’ai des fantasmes de faire un film éventuellement, d’écrire aussi… C’est toujours davantage l’idée de communiquer qui est au coeur de mon travail. Le langage de la danse, par sa poésie, laisse une grande capacité d’interprétation au spectateur. Ce que j’aime bien."
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La série Résilience, la danse contemporaine