Le Mois de la danse : Pas chassé
Au calendrier printanier virevolte de nouveau le Mois de la danse. Pour la quatrième édition: artistes contemporains de haut niveau, métissage des genres et expériences improvisées. Quand la danse va de l’avant, à la Maison des arts de Laval.
Le public dévoué de la danse contemporaine se régalera de l’offre diversifiée de cette quatrième édition du Mois de la danse et le néophyte y verra une occasion de s’y frotter. Une trentaine de danseurs professionnels investiront la Maison des arts afin d’y présenter des oeuvres reconnues ou inédites. La troupe d’étudiant(e)s du programme de danse du Collège Montmorency, Tanz danse, présentera la pièce Rien n’efface l’essentiel, sans compter les quelque 700 danseurs amateurs qui partageront leur passion dans le cadre d’Envol Danse.
La programmation sert les intérêts d’un public de tous âges dans une diversité de styles allant du contemporain aux interprétations métissées de folklore. "L’an passé, l’événement avait attiré 4500 spectateurs. La poussée de la danse contemporaine se réalise tranquillement", affirme Julie Tremblay, agente d’information de la Ville de Laval. La programmation se veut très sélective. "On essaie toujours de faire des choix un peu plus pointus."
Joutes d’improvisation
La pièce Nu du chorégraphe Harold Rhéaume inaugurera l’événement de belle façon, cette création ayant reçu un accueil des plus chaleureux lors de la première à Québec en 2008. Traitant de la complexité des relations personnelles avec finesse et sensibilité, l’interprétation émeut par une mise à nu de la nature humaine tantôt vulnérable et tantôt forte de par son authenticité.
La chorégraphe Hélène Blackburn signe Le Cabaret dansé des vilains petits canards, une oeuvre inspirée du cabaret allemand des années 1920 qui combine le conte du Vilain petit canard et Le Lac des cygnes. Destinée aux 4-8 ans, la pièce rassemble chanson, musique, danse, théâtre et vidéo sous forme de courtes prestations qui explorent l’espace laissé à l’imaginaire dans la vie quotidienne.
Rappelant la Ligue nationale d’improvisation, les joyeux lurons des Imprudanses envahissent le Collège Montmorency et la Maison des arts avec des joutes d’improvisation-mouvement. Concept unique et novateur maintenant dans sa septième année d’existence, il regroupe vingt danseurs professionnels divisés en quatre équipes, un DJ et deux arbitres qui imposent les paramètres et défis à improviser. Le public vote pour ses choix, le tout dans une ambiance enlevante et un haut niveau de performance.
Gigue et danse contemporaine
Pour continuer dans la veine énergique, la troupe Zogma donne une nouvelle impulsion à la danse percussive avec Rapaillé. S’abreuvant à la diversité culturelle de la métropole, les danseurs se donnent pour défi de redéfinir l’esthétique de la danse folklorique. Pas de ceintures fléchées en vue. Sur des rythmes saccadés, deux musiciens et cinq danseurs mélangent gigue et danse contemporaine au son des textes cadencés du poète Gaston Miron, extraits de L’Homme rapaillé.
Le Mois de la danse devient un lieu d’échange pour les mordus de cet art, une rencontre annuelle qui, par les années passées, n’existait que sous l’égide d’Envol Danse. Pour cette 33e édition, le mandat de l’organisme est de permettre à des amateurs de se produire sur des scènes professionnelles. Une soixantaine d’écoles auditionnent pour y participer. "L’arrivée du Mois de la danse a ouvert la porte à des spectacles professionnels, une occasion pour les amateurs de s’enrichir de leurs prestations, mais aussi d’échanger sur les possibilités de carrière", explique Louise Mignault, coordonnatrice.
Zen
Les arts visuels seront aussi de la partie avec l’exposition Passages de l’artiste lavalloise Lisa Tognon. Passée maître dans les diverses techniques de l’estampe, elle livre une production d’inspiration multidisciplinaire qui témoigne de son mode de travail. Elle recycle et convertit ses gravures en y ajoutant des techniques mixtes dont le fusain, l’acrylique, l’huile et le collage. Empreintes de poésie, les oeuvres de cette artiste sont d’une grande qualité expressive. Le vernissage sera souligné par une visite guidée inhabituelle où la danseuse Ginette Boutin fera une prestation inédite. Celle qui oeuvre professionnellement en danse depuis les années 1970 a accepté la commande et rencontré l’artiste, histoire d’harmoniser leurs univers.
"Comme nous ne nous connaissions pas, nous avons convenu d’un élément commun, le choix musical." Ayant déjà eu l’occasion de combiner danse et arts visuels, Ginette Boutin s’est dite interpellée par l’art de Lisa Tognon: "J’y ai vu un côté zen, un sentiment de liberté probablement dû à la fluidité des traits."
L’événement se terminera par un 5 à 7 dansant dans des lieux inhabituels de la Maison des arts avec prestation de Ginette Boutin et Les Imprudanses.