Les Nouveaux Compagnons : Un mystérieux passé
Les Nouveaux Compagnons abordent d’anciens tabous dans leur nouvelle production, La Visite des sauvages ou l’île en forme de tête de vache.
En 2010, Les Nouveaux Compagnons célèbrent pas moins que leurs 90 ans d’existence. Ils démarrent leur saison-anniversaire avec un texte d’Anne Legault, La Visite des sauvages ou l’île en forme de tête de vache. "Au 85e, on avait fait quelque chose de spécial dans le choix des pièces. Ce n’est pas dans cet objectif-là qu’on a monté celle-ci. Mais on a tout le reste de l’année… " lance d’entrée de jeu la metteure en scène, Nicole Poisson-Trudel.
Avec La Visite des sauvages, la dame de théâtre a surtout eu envie de se faire plaisir. "Ça faisait une douzaine d’années que j’avais lu cette pièce, un coup de coeur. Pourquoi c’était un coup de coeur ? Parce qu’il y a deux mondes parallèles là-dedans. Je m’étais promis que je la monterais un jour. Il y a 12 ans, ce n’était pas le temps. Il y a six ans, je l’ai ressortie… Et l’année passée, je me suis dit: "Tiens, je vais la proposer!""
Dès la première lecture, toute l’équipe a été fascinée par ce drame complexe, soit l’histoire de Viviane, 20 ans, privée de l’amour de son père. À la suite d’un accident de moto, elle se retrouve à l’hôpital entre la vie et la mort. Alors que son esprit vagabonde, la jeune femme croise un guide qui lui propose de la ramener à l’été de sa conception, en 1961, afin d’en apprendre davantage sur son paternel qu’elle n’a jamais connu. Petit à petit, le voile sera levé sur le passé. Mais derrière se cache un terrible événement, une vérité qu’elle aurait sans doute préféré ne jamais connaître.
UNE EPOQUE
Nicole Poisson-Trudel l’admet, cette pièce reflète l’époque de sa jeunesse, une époque où les valeurs de l’Église catholique pesaient encore très lourd. "Les jeunes, vous ne connaissez pas ça. C’est tellement libre maintenant." Elle poursuit: "Ça touche beaucoup des tabous de l’époque et des besoins. Tu vois, en 1961, le Québec commence la Révolution tranquille. Anne Legault ne fait pas allusion directement à ça dans le texte. Mais on le comprend à travers les dialogues." Ainsi, on s’intéresse aux guérisseurs, à l’éducation, à la place des autochtones, à l’homosexualité…
DES DIFFICULTES
Bossant sur le projet depuis plusieurs mois déjà, la metteure en scène raconte s’être frottée à quelques difficultés. "Quand on lit une pièce et qu’on a un coup de coeur, on ne réalise pas toutes les dimensions, on ne voit pas tous les détails. Il y a, par exemple, certains accessoires qui nous ont donné de la misère, dont une arme à feu. Il fallait trouver le bon calibre. Parce que sur scène, on ne peut pas tirer une balle avec une arme. Alors le bruit, il vient d’où? On tire en coulisse. Mais encore là, il ne faut pas que le son se perde dans les rideaux. Donc, ça prend un truc technique qui va faire qu’on va bien l’entendre… Un son enregistré, ça ne sort pas du tout. Ça fait ça, dit-elle en tapant doucement sur la table. Ça ne donne pas d’effet et on veut que ça claque! En tout cas… C’est une chose, mais il y en a eu d’autres comme ça."
Chose certaine, tous ces détails techniques devraient être réglés le soir de la première de la pièce, qui mettra en vedette Sylvie Lamothe, Mario Baril, Gabriel Godbout, Marie-Claude Brouillette, Éric Monette, Christian Champoux et Annie Trudel.