Magali Milian : Au féminin
La Française Magali Milian fait partie des nombreuses artistes invitées de la 17e édition du Festival Edgy Women. Elle présente le solo Dream On Track 1 dans le cadre d’une soirée partagée.
Comme l’an dernier, c’est Tangente qui accueille le volet danse du Festival Edgy Women. Parmi les artistes venues d’ailleurs, le Studio 303 nous donne la chance de découvrir la Française Magali Milian dans un solo créé en collaboration avec Romuald Luydlin, le complice avec lequel elle a fondé la compagnie La Zampa, à Marseille.
"Le départ du projet Dream On date de 2005", commente celle qui a suivi une formation très rigoureuse en danse dès l’âge de 12 ans avant de s’aventurer, dans la vingtaine, sur des chemins de traverse aussi variés que le théâtre, la danse butô et l’aïkido. "Une phrase du marquis de Sade nous avait touchés et nous avait donné envie de travailler l’expérience de la transformation. Il dit que la nature nous signifie qu’elle ne peut pas nous laisser longtemps ce peu de matière qu’elle nous prête, qu’elle en a besoin pour d’autres formes et la redemande pour d’autres ouvrages."
Désireux d’explorer ce thème sous des angles variés, les deux artistes choisissent de créer diverses courtes pièces, comme autant de plages d’un album de musique qu’ils intitulent Dream On. Les pistes 2, 3 et 4 sont respectivement axées sur le son, la voix et l’image. Track 1 met en scène le corps d’une femme en transformation. "C’est un solo assez intense où les gens voient parfois de la monstruosité mais qui ouvre un espace de désir. C’est une forme de transe qui laisse de la place à celui qui la regarde", assure Milian.
D’une durée de 20 minutes, l’oeuvre a eu du mal à prendre forme. Dans les premiers jours de création, Milian bute au manque d’inspiration. Luydlin l’invite à s’allonger et à attendre. "Je suis restée au moins une heure trente au sol, se souvient-elle. C’était vraiment dur de constater qu’il fallait que je reste aussi longtemps pour que mon corps ait un truc à dire qui sorte de mes circuits habituels de danseuse. Je me suis relevée en pleurs, la bouche ouverte, j’ai engagé une forme de marche un peu étrange et le solo est parti de là. Ça a été le point de départ d’une autre façon de créer. Des gens qui nous connaissent bien parlent de l’endroit d’une forme de maturité." Pour qui voudrait mesurer l’évolution de La Zampa, Milian et Luydlin présenteront le 10 avril leur toute dernière création en duo avec un musicien.
ÉGALEMENT AU PROGRAMME
Milian partage l’affiche avec l’artiste circassienne Krin Haglund, qui y va d’un trio caricatural sur les travers féminins, et la performeuse torontoise Shannon Cochrane dans la soirée Primordial Vaudeville qui clôt le Festival. Avant elles, la soirée En On aura offert un programme triple multimédia avec la danse sensible de la Germano-Japonaise Yumiko Yoshioka, grande danseuse de butô, le cabaret vivifiant de la performeuse montréalaise Lise Vigneault, et le corps queer de la très indisciplinée États-Unienne Karen Sherman. En ouverture, la performeuse torontoise Jess Dobkin, une habituée du Festival, se sera interrogée sur la créativité et la moralité dans un tout nouveau solo. Un programme riche avec quelques découvertes à faire également lors du Party Edgy du 20 mars.