Frank Poule : Il va y avoir du slam
Déjà trois saisons que le slam secoue le Tremplin. Analyse d’un sport poétique avec son gérant général, Frank Poule.
Pour peu que l’on ait jasé quelques minutes avec Frank Poule, on sait qu’il n’est pas du genre à embrasser la norme servilement, et la façon dont se déroulent les joutes de Slam du Tremplin porte le sceau de cet irréductible anticonformisme. "J’ai collé à l’idée populaire, je dirais même populiste, du slam. Nos événements en soi ne ressemblent pas du tout à ceux du reste de la Ligue québécoise, qui prennent les règlements beaucoup plus au sérieux. Pour moi, la compétition, c’est une grosse farce, il n’y a rien de plus absurde que ça. On prend des gens qui ne connaissent rien à la littérature pour juger des poètes. L’autre fois, on avait un Latino qui ne comprenait que dalle au français."
Au moment de l’entrevue, le slammestre revenait à peine de l’école secondaire d’Asbestos, où il concluait une semaine d’ateliers avec les élèves. Un exercice au carrefour de la création et de la croissance personnelle auquel la scène Slamestrie se livre fréquemment depuis sa fondation en 2007 et qui illustre bien comment elle est devenue le principal interlocuteur en matière de littérature jeune en région.
"Le slam, c’est rien de nouveau. C’est une forme de médiatisation de la poésie, comme la radio pour la musique", observe Poule. La diversité et le nombre (une cinquantaine) de concurrents à avoir pris le crachoir prouvent justement que la région ne manquait pas tant de poètes que de mégaphones dans lesquels crier. "On a des jeunes de 14 ans comme des vieux de 50 ans, des gens issus de la performance, de la chanson ou du hip-hop, qui prennent la compétition au sérieux ou qui s’en foutent complètement."
FAMILLE TEXTUELLE
S’il insiste pour distinguer les joutes de slam des activités extra-muros avec une explication qui devrait faire date – "les spectacles et les disques sont au slameur ce que le cinéma est au lutteur quand il n’est pas sur le ring" -, Frank Poule tient à s’investir dans la démarche personnelle de ses collègues (notamment dans l’album de David Goudreault). D’ailleurs, la tournée que s’offre actuellement la Slamille, dont les plus illustres membres se nomment Sophie Jeukens, Jean-Michel Fontaine ou PouYO, devrait couronner la parution d’un album collectif.
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Grand Corps Malade, Ivy, Mathieu Lippé