Icaro : Prendre son envol
Scène

Icaro : Prendre son envol

Avec Icaro, un monologue "pour un seul spectateur", Daniele Finzi Pasca fomente une révolte pleine de bons sentiments.

Avant de déployer son prodigieux imaginaire dans les productions du Cirque Éloize et du Cirque du Soleil, le clown italo-suisse Daniele Finzi Pasca, à la tête du Teatro Sunil depuis 1983, créait des spectacles intimistes avec lesquels il semait le bonheur et l’enchantement, où il tentait, avec les moyens du bord, de charmer des hommes, des femmes et des enfants dont les vies manquaient cruellement de raisons de s’émerveiller. Après les éclats de rire, il arrivait même à une partie du public de ce "théâtre de la caresse" de verser quelques larmes.

Depuis 1991, Icaro a été présenté plus de 700 fois dans six langues et aux quatre coins du globe. Partie prenante d’une trilogie consacrée à la fuite, le spectacle est emblématique de la démarche de Finzi Pasca, au sens où le pouvoir de guérison du clown et du théâtre y est clairement exprimé. Il y a dix ans, le monologue "pour un seul spectateur" avait fait les délices du public de l’Usine C, où il est de retour ces jours-ci.

L’action se déroule dans un hôpital, peut-être un asile, à tout le moins un endroit qu’il est formellement interdit de quitter. Avec un spectateur choisi dans la salle et entraîné sur scène pour toute la représentation, le clown orchestre une grande évasion. On a tout d’abord droit à certains classiques de la clownerie, des culbutes exécutées avec brio. Viennent ensuite de longues anecdotes que l’accent de Finzi Pasca rend plus ou moins compréhensibles. Puis, c’est le tour des déguisements, ceux d’oiseaux multicolores qui devraient permettre aux deux larrons de fuir leur geôle par la voie des airs.

Tout en reconnaissant la signature et le talent du créateur, tout en s’amusant de voir le comédien d’un soir improviser et revêtir des costumes farfelus et tout en saisissant le caractère inspirant de la quête, on ne peut s’empêcher de trouver que cette ode à l’imaginaire et à l’amitié n’a pas la force d’évocation qui rendait Rain et Nebbia extraordinaires. Bien entendu, la soirée est par essence légère, pleine de bons sentiments, mais la gravité n’aurait-elle pas du poindre davantage sous les plumes?