Lana Morton : Après la pluie…
La grande dame de la danse Lana Morton présente avec fébrilité une nouvelle série de danse contemporaine à Ottawa, Série Danse 10.
Depuis l’automne dernier, les artistes de danse de la région de la capitale nationale vivent un deuil. La fermeture du Groupe Lab de danse a laissé un trou béant au coeur de la scène de danse ottavienne, la compagnie ayant contribué à la forger et à la maintenir active. Peu de temps après l’annonce, les chorégraphes Lana Morton, Sylvie Desrosiers et Yvonne Coutts, ayant toutes oeuvré au sein du Groupe, prenaient le taureau par les cornes et lançaient un signal. "Ce qui a provoqué la série pour moi, c’était l’espace du Studio A de la Cour des Arts, anciennement occupé par le Groupe. On craignait que ce lieu, qui comprend deux studios et une petite salle de spectacle, ne disparaisse. On a donc contacté la Ville pour la supplier d’attendre et de garder cet espace pour la danse." La réponse favorable de la Ville leur permet de lancer des projets pour occuper l’espace. "Le Studio A a une énergie, une âme, il y a eu tellement d’histoires… Il est reconnu nationalement et la réponse du milieu de la danse devant cette nouvelle série me confirme que sa sauvegarde répond à un besoin", s’enthousiasme Lana Morton.
La Série Danse 10 prend la forme de trois spectacles qui ouvriront une lucarne sur le travail récent de chorégraphes canadiens. D’abord présentée comme un projet pilote, la série pourrait être appelée à devenir un événement annuel. "Grâce au Groupe et au School of Dance, on a un bassin d’artistes très actifs dans la région. On voulait assurer une continuité. La relève est pour moi très importante: on a des jeunes interprètes et chorégraphes extraordinaires qui sortent de l’école, il faut leur donner une place", note la danseuse, qui présentait En vin à la salle Jean-Despréz en 2009 et proposera un nouveau spectacle à la Ville de Gatineau l’an prochain.
2 X 2 RASSEMBLES
Ayant pour dénominateur commun la ville d’Ottawa – ils y ont grandi, étudié ou y vivent -, six chorégraphes (deux par spectacle) présenteront leurs récentes créations. "J’ai essayé de choisir des chorégraphes variés, edgy et de différents styles pour qu’il y ait une découverte et du développement. Je veux ouvrir la porte plus grand. Je pense qu’il y a lieu d’échanger davantage avec les communautés artistiques locales et le public", lance celle qui se cache derrière le projet.
Le programme 1 s’amorcera avec Moon, une pièce en quatre parties de la chorégraphe et enseignante (School of Dance) Cathy Kyle Fenton dansée par quatre interprètes. Ce sera suivi du nouveau solo "théâtral et comique" de l’Ottavienne résidant à Toronto Meagan O’Shea, intitulé Based on Actual Unrelated Events. Le programme 2 accueillera en avril le chorégraphe montréalais Marc Boivin et sa pièce Impact, alors que le directeur artistique du Festival Danse Canada, Brian Webb, proposera The Effects of Sunlight Falling on Raw Concrete. Au mois d’août, le programme 3 réunira la Torontoise Kate Hilliard et la Gatinoise Julie Ann Ryan, qui offrira une adaptation d’une chorégraphie de Deborah Hay, At Once.
"On veut que l’art de la danse continue à vivre dans la région, qu’il y ait un endroit pour faire de l’exploration, de la recherche. On ne peut pas remplacer le Groupe, c’était un concept unique, extraordinaire, mais on aimerait garder son côté edgy et avant-gardiste", conclut Lana Morton. Info: www.artscourt.ca.