La Défonce : Audace et défonce
Selon Dario Larouche, le Théâtre Mic-Mac joue d’audace en nous présentant en primeur La Défonce, de Pascal Chevarie.
Dur, très dur, le propos de la nouvelle production du Théâtre Mic-Mac, qui n’a certainement pas choisi la voie de la facilité. "Le Mic-Mac fait preuve d’audace", avouera Dario Larouche, qui en est à sa cinquième collaboration avec la troupe de Roberval en tant que metteur en scène.
La Défonce, écrite par Pascal Chevarie (Mika, l’enfant pleureur, Iana et le mur), est inspirée d’un fait divers. Dans un petit village, trois adolescents perpétuent une tradition d’abus d’alcool et de drogue – d’où le titre de la pièce. Lorsqu’une étrangère apparaît dans le décor, ce n’est pas pour plaire à tout le monde. Jaloux de l’attention que l’un accordera à l’intruse, les deux autres comparses jetteront leur fiel sur la nouvelle venue. Viol collectif et assassinat, la forêt aura abrité les pires supplices.
On pourrait croire que, pour de jeunes comédiens amateurs, incarner une telle tragédie aura été un défi de taille. Selon Larouche, aussi directeur général du Théâtre 100 Masques, la tension dramatique a souvent été désamorcée par le rire. "Étrangement, on a ri beaucoup. Pour certaines scènes, il y a une grande proximité entre les comédiens. Ils ne sont pas habitués à ce qu’on entre à ce point dans leur bulle."
Pour la mise en scène de cette production, Larouche s’est imposé une disposition scénique particulière: le public prendra place des quatre côtés de la scène. Cette formule, qui placera les spectateurs à proximité de l’action, laissera les comédiens sur la corde raide pour toute la durée du spectacle d’environ une heure. C’est dire à quelle intensité seront exposés tant les acteurs que l’auditoire.
Force est d’admettre que le Mic-Mac a misé sur les bons chevaux, cette année. Rappelons que l’histoire récente de l’organisation est ponctuée de quelques succès. En 2008, la production Les Reines (Normand Chaurette), aussi mise en scène par Larouche, avait été sacrée meilleure production de l’année au Gala des Arlequins. En 2009, c’est la scénographie de la pièce Le Rire de la mer (Pierre-Michel Tremblay) par Christian Roberge qui avait reçu les honneurs du même gala – ce dernier agit encore une fois à titre de scénographe. "J’ai la chance d’être entouré d’une équipe avec qui j’ai l’habitude de travailler", admet le metteur en scène, déjà satisfait des résultats auxquels il est arrivé.
"Travailler avec des comédiens amateurs est parfois plus facile. On travaille à partir du corps, qu’on place dans l’espace, et le reste vient ensuite. C’est complètement à l’inverse de ce qu’on fait avec des comédiens qui ont une formation." Il salue au passage le travail des comédiens avec qui il partage l’aventure, la plupart plutôt jeunes étant donné l’âge des personnages: Benoît Brassard, Réjean Gauthier, Jean-Sébastien Montpetit, Charles Rousseau-Dubé et Joan Tremblay).
Montrant déjà un peu du détachement qui s’impose lorsque arrivent les soirs de première, il échappe: "J’ai placé la barre haut pour eux. Mais je leur fais confiance."