La Reine Margot : Rage de pouvoir
Scène

La Reine Margot : Rage de pouvoir

Marie-Josée Bastien a adapté pour la scène le célèbre roman d’Alexandre Dumas, La Reine Margot. Au programme: meurtres, combats et complots en tous genres.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette période de l’Histoire de France est digne d’un roman à suspens, et l’on est véritablement tenu en haleine pendant les 2 heures 30 que dure le spectacle, assistant avec un mélange d’horreur et de plaisir aux pires abominations dont l’être humain soit capable. L’action se déroule entre le mariage de la catholique Marguerite de Valois (la reine Margot) avec le protestant Henri de Navarre (futur Henri IV), le 18 août 1572, et la mort de Charles IX en 1574. Le massacre de la Saint-Barthélemy est au coeur de la pièce qui, comme le roman de Dumas, mêle l’histoire et la fiction.

L’un des défis de cette coproduction du Théâtre Denise-Pelletier et du Théâtre de la Bordée était de parvenir à expliquer les faits sans perdre le public en cours de route, et Marie-Josée Bastien y parvient haut la main, même s’il en résulte un spectacle un peu didactique. L’enjeu, ici, c’est le pouvoir, et chacun est prêt à tout pour l’obtenir. De ce fait, nul n’est jamais en sécurité et il y a toujours des yeux et des oreilles qui traînent, prêts à monnayer les informations obtenues. La mise en scène l’illustre très bien, jouant avec l’ombre et la lumière et maintenant toujours des personnages sur scène, dissimulés dans des alcôves ou écoutant carrément les conversations. Elle utilise intelligemment l’espace et offre des combats haletants parfaitement maîtrisés par les comédiens. Les changements de tableaux sont cependant parfois mécaniques et les pointes d’humour – par ailleurs bienvenues -, souvent un peu faciles.

Dans cette fresque très physique reposant essentiellement sur les comédiens, les personnages sont complexes et ont des rapports complexes. On regrettera donc que le spectacle pèche justement du côté de la direction d’acteur parfois très caricaturale. Frédérick Bouffard, dans le rôle d’Henri d’Anjou, soldat sans peur avide de pouvoir, force particulièrement le trait, ainsi que Renaud Lacelle-Bourdon en duc d’Alençon écrasé par sa mère et ses frères et vouant une véritable adoration à sa soeur Marguerite. Autre déception, Simon Rousseau, qui campe un Henri de Navarre manquant d’étoffe. Dans le rôle-titre, Marie-Ève Pelletier fait globalement preuve de justesse, mais son jeu est toutefois un peu affecté dans les scènes particulièrement intenses.

Il reste que le rythme trépidant, l’énergie des comédiens, le magnifique décor de Christian Fontaine et les superbes costumes de Sébastien Dionne, inspirés des collections de la styliste anglaise Vivienne Westwood, font de ce spectacle une réussite.