Marc LeMyre : Sans tenir conte…
Dans Nous sommes venus en amis, l’artiste multidisciplinaire Marc LeMyre se fait "conteux". Sans être poète ni conteur au sens littéraire des termes, LeMyre utilise la scène comme laboratoire de création.
Photographe, poète, metteur en scène, performeur, le Torontois Marc LeMyre s’est fait connaître au fil des années pour son goût de la singularité au sein d’une démarche artistique personnelle en constante évolution. Risqué, ludique et inhabituel, Nous sommes venus en amis, présenté dans le cadre de la série Contes nomades, se situera probablement à merveille dans cette démarche puisque le conte, celui avec lequel monsieur, madame Tout-le-Monde a grandi, ne sera pas favorisé. Dans ce cas-ci, on entendra plutôt un récit de façon syncopée, défrisée et rafistolée. "Nous sommes venus… s’inscrit beaucoup plus dans le cadre de la poésie-performance", mentionne d’emblée celui qui incorporera à la présentation de nouveaux éléments de "poésie électrique". "Ce qui m’intéresse, c’est l’aspect multipiste de l’art de raconter des histoires. Comment différentes couches de signification – le son, la lumière, la présence physique – peuvent être interprétées."
L’amitié, le seul lien trouvé parmi ces morceaux bigarrés qui constitueront le spectacle, agira en tant que catalyseur d’idées. "Le thème s’est imposé de lui-même lorsque j’ai eu terminé de rassembler les textes. Ce n’est pas un traité sur l’amitié que je fais, je traite le sujet de façon oblique", mentionne-t-il en faisant valoir l’importance des amitiés sincères. "Plus je vieillis, plus je vois que l’amitié est non seulement importante, mais est un phénomène rare. À l’époque de la définition Facebook de l’amitié, il y a quelque chose qui me renvoie avec encore plus d’urgence vers la vie organique", constate celui qui est accompagné sur scène du guitariste Dominique Saint-Pierre (ICEBERG). Présenté en première au CNA, Nous sommes… adhère probablement plus, d’après LeMyre, au registre du banc d’essai qu’au spectacle rodé au quart de tour. "Je ne veux pas utiliser le mot expérimental parce que, dans le milieu, ça a une connotation péjorative. Oui, c’est la première fois que je fais ces textes-là, mais toute représentation est une expérience en soi. Dans ce cas-ci, les impondérables sont plus grands… J’accepte qu’il y ait un côté qui se dessinera en temps réel et, oui, ça peut mener à quelques accrocs. Ça fait partie du processus d’expression", termine-t-il.
À voir si vous aimez / le spectacle L’Honnête Homme / Un one woman show et l’album poésie "… gaga pour ton zoom" de Marc LeMyre