Martine Tollet : À vol de jars
Pour sa première visite au Québec, la conteuse d’origine belge Martine Tollet vient partager Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson, une histoire qui nous transporte dans le ciel de la Suède.
Martine Tollet pratique le conte depuis plus de 20 ans, mais dans quelques jours, la dame d’origine belge traversera l’océan jusqu’à nous pour une toute première fois, à bord d’un grand oiseau de fer. "Je suis très enthousiaste, car je m’intéresse à la culture du Québec, mais je n’avais pas l’opportunité d’y aller", explique-t-elle. C’est l’invitation de Petronella van Dijk des Productions Littorale qui permet cette visite sur le tard. "On avait sympathisé il y a deux ou trois ans, lors d’une rencontre de conteurs."
Pour Martine Tollet, l’immersion dans l’univers du conte fut également tardive. "Je travaillais à la télévision et regrettais le monde du théâtre. J’aimais le conte depuis toujours; ça faisait partie de mon patrimoine familial. J’ai vu qu’il y avait de nouveaux conteurs, un renouveau du conte en France. Je me suis alors dit: "C’est ça que j’ai envie de faire. Je veux être le metteur en scène de mes histoires, faire tous les personnages, être le maître du jeu." Ce fut un coup de foudre."
Rapidement, la conteuse fut également happée par les vertus de cette tradition orale. Pour l’éveil de l’enfance, elle la trouve essentielle. "Les grands contes merveilleux sont initiatiques. Ils se lisent à des tas de niveaux et, pour les enfants, c’est une nourriture spirituelle, de vie. C’est aussi important que le lait et les tartines. (Rires.) C’est une ouverture sur le monde intérieur. Ça aide à la croissance de la maturité."
S’ACCROCHER À SON COU
Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson est un roman suédois écrit par Selma Lagerlöf au début du 20e siècle. L’ouvrage a reçu le prix Nobel de littérature en 1909. Ça raconte l’histoire d’un gamin insupportable, rebelle, et ça se déroule lorsque les oies sauvages traversent la Suède. "Nils a tourmenté un farfadet et, du coup, celui-ci l’a rendu minuscule. Le jars domestique veut partir avec les oies et Nils, oubliant qu’il est tout petit, se lance au cou de l’oiseau pour le retenir, mais le jars s’envole pour rejoindre les oies sauvages." S’enclenche alors une épopée fabuleuse durant laquelle le garçon au coeur fermé s’intéressera tranquillement aux autres. "Au cours de ce voyage, il s’initiera à la compassion. Il va comprendre la vie. C’est une quête initiatique."
Pour en faire un conte, Martine Tollet a dû couper dans le gras de cette histoire charnue. "C’est un très gros roman. J’ai gardé le fil de l’intrigue principale. C’est un spectacle qui fait une heure… Sinon, ça en ferait trois."
Une heure, ça demeure beaucoup comparativement à ce à quoi nous ont habitués les nouveaux conteurs, plus à l’aise avec de petits contes vite faits, bien faits. "Ce n’est pas facile; il faut maintenir l’attention sur la même histoire, une seule intrigue. Ça demande beaucoup d’énergie, mais quand ça marche bien, les enfants s’envolent. Ils ont l’impression de voler pendant une heure, sur le dos d’une oie. Parfois, ils s’en vont avec les bras écartés. (Rires.)"
Selon Martine Tollet, cette histoire interpelle également les adultes. "Les plus vieux l’ont souvent lue lorsqu’ils étaient petits. Ceux dans la trentaine ont connu un dessin animé adapté de cette oeuvre. C’est un conte qui concerne tout le monde."
La conteuse est heureuse d’apprendre que la neige a fondu au Québec et qu’on peut observer les oiseaux migrateurs dans le ciel. "J’aime beaucoup faire ce conte à ce moment de l’année, car l’histoire débute le premier jour du printemps. La nouvelle saison et le cri des oies sauvages, ça va ensemble. Ça ouvre le coeur, ça fait vibrer."
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