The Girly Show : Solidarité féminine
L’humour a-t-il un sexe? D’après les quatre filles qui forment The Girly Show, il semble que non. Entretien avec Isabelle Ménard, la spécialiste en chirurgie esthétique du groupe.
Mettons tout de suite les choses au clair. The Girly Show n’est pas un groupe d’humoristes de sexe féminin au même titre que Les Moquettes coquettes. En fait, il s’agit d’un spectacle collectif créé à l’été 2009 mettant en scène quatre diplômées de l’École nationale de l’humour qui roulent aussi leur bosse en solo, soit Korine Côté, Mélanie Dubreuil, Nadine Massie et Isabelle Ménard.
"Le Girly Show est né parce qu’il y a quelques années, la relève commençait à prendre beaucoup de place à Juste pour rire, explique Isabelle Ménard, jointe lors d’un matin pluvieux. Mais à part quelques exceptions ici et là, il n’y avait pas vraiment de fille dominante. Pourtant, il y en avait 8 ou 10 qui roulaient partout sauf à Juste pour rire. Elles jouaient dans les bars, étaient bien implantées dans le milieu de la relève. Trois des filles du Girly Show, on s’est donc dit: "Pourquoi on ne se crée pas un show à notre image qui va montrer qu’il y en a, des filles qui roulent au Québec ?" Tu vois, on en a parlé à l’été 2008. Ensuite, on a trouvé la quatrième fille, on a monté le projet et on l’a finalement présenté au Zoofest [à Montréal] l’année dernière."
Du coup, les projecteurs se sont braqués sur elles. "C’était ça le but, en fait; se montrer les quatre en même temps pour avoir de l’exposure et pour prouver que l’humour de fille, ce n’est pas de l’humour de fille, que c’est de l’humour peu importe le sexe." En entendant la perplexité dans notre voix, l’humoriste précise sa pensée: "Ce qu’on essaye de faire comprendre aux gens, c’est que, disons, un jeune de 25 ans ne fera jamais de l’humour comme un père de famille de 40 ans. Parce que ses références ne sont pas les mêmes, que son passé est différent. Tu vois, étonnamment, il y a du monde qui a l’impression que les filles en humour, c’est une autre catégorie. Nous, on veut indiquer que c’est juste un angle différent, que comme on est des filles, on va avoir une vision différente du même événement qui s’est passé. Mais ça ne veut pas dire que les gars ne se retrouveront pas là-dedans ni qu’ils ne trouveront pas ça aussi hilarant. Je te le confirme: le public est prêt, vraiment. Maintenant, il faut juste traverser l’espèce de mur pour montrer qu’on est là."
LES IMPARFAITES…
Pour franchir cette frontière abstraite, le quatuor se paye entre autres la tête des superwomen. "Ce qu’on veut faire, c’est se donner le droit d’être imparfaites pour une fois: avoir des défauts, des bibittes, ne pas toujours être la petite fille gentille."
En plus des numéros communs, Mélanie Dubreuil fouille le sujet de la trentaine, Korine Côté traite de l’épilepsie, Nadine Massie met en relief les relations hommes-femmes, tandis qu’Isabelle Ménard parle de chirurgie esthétique. Un programme varié, donc. Mais quel est le fil conducteur du Girly Show? "Hum… Je pense que c’est l’amitié. Ce n’est pas plus compliqué que ça. L’espèce de solidarité féminine qu’on est en train de se créer", réfléchit Isabelle Ménard.