Morceau de peur : Note scène
Scène

Morceau de peur : Note scène

L’idée était prometteuse: profiter de la traversée du cancer pour affronter et nommer la peur, celle qui surgit dans l’épreuve et qu’on ne cesse de vouloir oublier. Ionesco en avait fait le moteur de sa vision absurde de la vie. Les existentialistes l’ont utilisée comme élément d’investigation de l’humanité. Michel Lavoie et Julien Schmutz, du Magnifique Théâtre, l’ont choisie comme porte d’entrée dans la maladie. On regrette toutefois que l’anecdote supplante la réflexion. Plutôt que de fouiller la question, le spectacle raconte les contextes dans lesquels naissent les angoisses du malade, de la salle d’attente d’un hôpital bilingue jusqu’à celle d’une clinique de fertilité, en passant par le studio où le comédien auditionne pour le rôle de Louis Cyr. Le sujet est ainsi sans cesse contourné. Modeste, la représentation embrasse les codes du théâtre pauvre et ne cache pas ses failles et ses inachèvements.